Municipales et présidentielle : comment le PCF veut lier union locale et nationale

Une chose après l’autre. Le conseil national du PCF, réuni ce samedi à Paris, exhorte à l’unité en vue de 2026. Pierre Lacaze, responsable pour les élections, invite dans son rapport à « ne pas enjamber les municipales au profit de la présidentielle » et déplore une « situation de division dans beaucoup de villes ». Il appelle à « mettre la pression pour que, là où nous gouvernons ensemble, nous partions ensemble ».
Lors du débat dédié à ce sujet, les communistes ont aussi souligné que réussir 2026 allait servir aux échéances futures. D’autant plus que « l’extrême droite fait de ces municipales un objectif pour la réussite d’une implantation territoriale ». Le PCF a ainsi validé 200 chefs de file dans les plus grandes villes, avec pour mission de réaliser l’union à gauche sur des projets de défense des services publics.
Mais, au-delà des municipales, la direction communiste a aussi débattu de la présidentielle. « Ceux qui pensent que la gauche gagnera les élections de 2027 sans chercher à convaincre plus largement, à dépasser les 25 %, mais juste en se lançant dans une primaire de candidats, en sacrifiant le fond et les idées, se trompent largement », a soutenu Fabien Roussel dans son introduction. Une allusion à la rencontre pour une candidature commune de la gauche qui s’est tenue le 2 juillet à Bagneux (Hauts-de-Seine) avec le PS, les Écologistes, l’Après et Génération.s.
Le PCF avait décliné lundi dernier l’invitation de Lucie Castets, refusant de banaliser ainsi la division aux municipales, tout en jugeant prématuré de s’engager à une candidature unique avant de trouver un accord programmatique. « Si nous avions été présents, lors de la conférence de presse, nous aurions été les seuls à dire non à une primaire », argue le secrétaire national du PCF. Des critiques partagées, samedi, mais qui n’empêchent pas plusieurs conseillers nationaux de regretter l’absence du Parti communiste à cette initiative.
Rendant compte du point de vue de militants lors d’une réunion dans le Puy-de-Dôme, Laetitia Pointu regrette « la politique de la chaise vide » pratiquée le 2 juillet et invite à « prendre en compte l’obsession de l’électorat de gauche de ne pas être disqualifié au second tour de la présidentielle ». Prenant l’exemple du rassemblement antifasciste de Montargis, Bruno Nottin avance que « les grandes initiatives unitaires permettent de mieux déployer le militantisme communiste » et alerte : « Si la mayonnaise unioniste prend, tous ceux qui n’en tiendront pas compte seront balayés. » Le secrétaire départemental du Finistère, Ismaël Dupont, souhaite, lui, que « le PCF participe à la construction de chemins, mêmes escarpés, pour échapper au scénario annoncé de la victoire de l’extrême droite ».
La non-participation a été relativisée par d’autres. Conseillère régionale de Bretagne, Gladys Grelaud considère qu’« on en parle dans les milieux politiques », mais pas dans les rencontres militantes et non militantes qu’elle a eues cette semaine. Elle relève la difficulté à « faire prendre en photo ensemble dans les villes » pour les municipales les forces politiques qui se montrent unies à Paris.
D’autres prédisent que l’initiative pourrait échouer quand le PS sera pleinement face au dilemme d’une candidature de Raphaël Glucksmann. Mais une demande unitaire existe même parmi ceux qui ont partagé le refus de se rendre à l’initiative. « Ce qui se joue derrière ce débat, c’est de savoir ce que fait le parti communiste pour une dynamique de rassemblement », analyse Arthur Lalan, de la fédération de la Somme. « Le dialogue avec l’ensemble des forces est maintenu pour définir les meilleures stratégies nationalement et localement », informe Fabien Roussel.
« Notre volonté est de ne pas en rabattre avec notre ambition de construire une perspective en 2027, de construire une candidature de rassemblement, une candidature commune », expose-t-il, estimant que dans ce cadre le PCF peut comme les autres forces faire une proposition de « candidature pour la mettre au service du rassemblement ». Mais pas dans le cadre d’une primaire d’un côté et avec l’impératif d’un contenu fort de « rupture avec le capitalisme » de l’autre.
Afin de nourrir le dialogue avec les Français et les autres forces de gauche, la direction communiste a adopté une résolution qui appelle à la mobilisation contre le budget, la réforme des retraites, l’économie de guerre et les reculs sur l’écologie. Le texte fixe également dix objectifs programmatiques qui forment un pacte « pour un autre avenir de la France ». Par ailleurs, le conseil national a fixé la date du prochain congrès du PCF à l’été 2026, après les municipales.
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