Murmures de la cité à Moulins : l’Humanité a assisté au spectacle du mini-Puy du Fou et c’est encore pire que prévu

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Mise en scène complaisante des symboles nazis, éviction pure et simple de la Révolution et même de la République dans l’Histoire de France, appels permanents à la « foi », aux « rois » et aux « empires » pour sauver le pays des envahisseurs… Les médias Bolloré et la fachosphère en auront fait des tonnes pour défendre la rengaine purement révisionniste, écrite par une petite équipe d’extrême droite radicale en Auvergne, qui se joue jusqu’à ce dimanche 13 juillet. Un projet monté, toute honte bue, avec des subventions publiques et l’aide de Pierre-Edouard Stérin, qui devrait désormais être discuté en toute connaissance de cause…
Moulins (Allier), envoyé spécial.
L’instant d’avant, il y avait encore les logos des partenaires en pagaille : Région, Département, Agglo, Ville et – comme chacun sait depuis qu’il fait scandale – Fonds du bien commun de Pierre-Edouard Stérin. Puis, sans transition, ce sont cinq immenses drapeaux nazis. Oui, oui : nazis. Rouges, frappés de croix gammées. Vendredi 11 juillet au soir, du toit au rez-de-chaussée, ces gigantesques oriflammes envahissent la façade du Centre national du costume et de la scène (CNCS), le grand musée public de Moulins (Allier).
La scène n’intervient pas dans une fugace ou anodine transition de Murmures de la cité, ce mini-Puy du Fou qui se tient en Auvergne trois soirs d’affilée jusqu’au dimanche 13 juillet ; c’est carrément l’ouverture d’un spectacle bien plus politique que culturel, foncièrement révisionniste et carrément anti-républicain. La séquence en elle-même dure près de cinq minutes… Un accident ? Sûrement pas, quand on veut bien se donner la peine de scruter la petite équipe aux manettes, émanant du groupuscule traditionaliste identitaire Sophia Polis dont l’écrivain fasciste et collabo Robert Brasillach reste une référence cardinale.

Bien au-delà du subliminal, cette projection sur un édifice public français ressemble furieusement à un bras d’honneur, voire à un fantasme assouvi. Des têtes blondes aux tempes grises, le public sera cueilli à froid, mais pas de problème, apparemment : à présent que ça bouge enfin, avec du son et de la lumière, on ne va tout de même pas se plaindre que le show ne respecte pas la consigne sarcastique de Godard : « L’objectivité, c’est cinq minutes pour les Juifs et cinq minutes pour Hitler. » Les premiers étant complètement effacés, comme tant d’autres, dans cette affaire qui ne renverra même pas au roman national de la IIIe République mais plutôt à une romance nationaliste…
Rembobinons : cela fait une bonne heure qu’environ 600 spectateurs s’ennuient ferme en attendant le démarrage de la soirée. Ces deux amoureux ont, depuis un bon moment, fini leurs kebabs, en rigolant d’avoir entendu le service d’ordre interloqué devant leur outrage. « Ben oui, ce n’est pas du pâté-croûte, mais on est passés… » Mais, à présent, dans la catégorie bronze (15 euros la place) comme en argent (25 euros), sur des chaises de chaque côté du parvis, et même aux premières loges, en or (40 euros), sur quelques gradins au centre, partout, la patience atteint ses limites. Après avoir épuisé toutes leurs railleries contre « les écolos de merde qui ont dû encore trouver une chouette à trois pattes et demie pour casser les pieds », contre « Bidule (Emmanuel Macron, N.D.L.R.) qui va encore faire des annonces bidons le 14 juillet », contre le maire du village à qui il faudrait signaler quand on remplit sa piscine, deux couples de retraités maugréent en chœur : « Ils ne pourraient pas nous mettre un peu de musique ? »
Heureusement, un abbé en robe de bure et col romain offre une distraction générale en fonçant vers les coulisses, escorté par un vigile. « C’est un figurant, ou un vrai ? », demande à la cantonade une dame. « Parce qu’aujourd’hui, il faut se méfier, on est quand même dans un environnement particulier avec les gens qui font ce spectacle », admet-elle, à mots couverts.

Plus personne ne regarde les légionnaires romains ou les hiérarques napoléoniens qui font les cent pas sur l’esplanade en attendant la tombée de la nuit. Tout juste un dignitaire en redingote hitlérienne, grommelant de l’allemand, recueille-t-il un « Guten Tag ». Pas grand monde n’écoute cette nonne à cornette qui, glisse-t-elle accoudée à une barrière, n’est arrivée « que lundi dernier »...
L'Humanité