Peur du brevet ou du bac ? Un super prof de l’université de Bordeaux propose des cours gratuits aux Béarnais

Cet enseignant-chercheur de l’université de Bordeaux, qui sera retraité au 1er septembre 2025, propose de remettre le pied à l’étrier aux collégiens et lycéens qui rencontrent des difficultés, en leur transmettant le plaisir de s’instruire, de comprendre le monde, le tout via des cours du soir qu’il veut proposer, à partir de la prochaine rentrée scolaire, en Haut-Béarn, à Ogeu-les-Bains plus particulièrement, où il retape une maison de famille.
Ce mec, c’est Marc Carrey : médecin de formation, il a roulé pour les plus gros labos américains (Johnson & Johnson, Pfizer, Tyco Healthcare) pour lesquels il dirigeait la formation médicale et chirurgicale, avant d’atterrir au pôle Sciences et Technologie de l’université de Bordeaux.
Depuis la place forte des études supérieures en Nouvelle-Aquitaine, il a décidé de secouer le cocotier quand il s’est rendu compte des graves problèmes rencontrés par un nombre conséquent d’étudiants. « Certains dormaient dans leurs voitures, j’ai trouvé ça scandaleux. J’ai alerté partout et j’ai réussi à faire bouger les choses. J’ai réussi à caser tous mes étudiants d’IUT, au prix de ma messagerie téléphonique… »
En 2012, Marc Carrey s’est aussi attaqué au problème de l’échec universitaire. « Je me suis vite intéressé aux gamins en me rendant compte que beaucoup avaient de grosses difficultés sociales, familiales, personnelles ou de santé. Chaque année, on perdait l’équivalent d’une classe dans chaque département de l’université, entre 30 et 40 gamins. Je me suis demandé pourquoi on perdait autant de monde. Comme je n’obtenais pas de réponse, j’ai décidé de monter un groupe de soutien. Tout le monde me regardait avec des yeux ronds. »
Mais le travail a payé. En allant chercher ses étudiants « un à un », en ne les lâchant pas, Marc Carrey avait obtenu des résultats brillants. « En un an, on était passé de 30 à 2 démissions. Au départ, le dispositif n’était prévu que pour mes étudiants, puis il a été étendu à toute l’université. On a réussi à obtenir des taux de 90 % aux examens ! »
C’est cette expertise en réussite scolaire que Marc Carrey veut désormais appliquer dans les villages du Haut-Béarn, en allant à la rencontre de la jeunesse. « Il faut absolument que ces gamins arrivent à développer leurs ambitions. Je pourrai les aider en anglais, français, maths et sciences », promet l’enseignant, intarissable sur bon nombre d’autres sujets.
La méthodologie des cours serait la suivante : « je veux réunir les gamins des villages du coin qui sont dans les classes charnière, de la 3e à la terminale. Je propose des cours de 2 heures : 40 minutes de cours, 10 minutes de pause, encore 40 minutes de cours et on termine par 30 minutes d’applicatif, où l’on reprend ce qui vient d’être vu. On pourrait faire ça à la mairie, dans une salle communale… voire en visio ! »
Les cours se dérouleraient toute l’année scolaire, de septembre à juillet « pour pouvoir préparer la rentrée suivante ». L’objectif est d’être rejoint par d’autres profs du secteur qui seraient intéressés par l’initiative, qui seraient à la retraite ou auraient un peu de temps à consacrer au projet. « Attention cependant, il n’y aura aucun bénéfice à en retirer ! Je ferai peut-être participer les familles, mais de manière très modique et symbolique. Juste de quoi payer les crayons et les feuilles. »
Marc Carrey s’est acoquiné avec l’association Les Sources, à Ogeu-les-Bains, pour son projet qu’il a appelé Care : le Centre d’aide à la réussite des élèves, qui est à la fois un jeu de mots avec l’anglais care, « s’occuper de », mais aussi avec le patronyme du prof… Oui, car l’une des grandes forces du prof, c’est son humour. « Il faut les faire marrer, il faut jouer à s’instruire, comprendre que l’échec n’est pas grave et surtout arrêter avec le côté élitiste de l’enseignement. Et je vous promets que les gamins sortent avec la banane, quand ils vous disent : j’ai compris les maths, monsieur ! »
SudOuest