Un autre varois candidat: et si c’était lui, le prochain président de la République?

"Si ça ne se concrétise pas en 2027, je tenterai en 2032, puis en 2037..." Difficile de faire plus déterminé que David Lapendry, Valettois de 47 ans. Son objectif? Être président de la République. "Je pense avoir 10% de chances d’y arriver", estime-t-il, tout en souriant. Pourtant, son projet est bien sérieux, tout comme l’est celui de Clément Didi, autre habitant de La Valette, qui nous a présenté son programme détaillé pour parvenir à l’Élysée. "Je veux changer la société capitaliste en profondeur", annonce notre nouveau candidat référent varois de Génération.s, mouvement humaniste fondé en 2017 par Benoît Hamon.
Sa particularité? Atteint du syndrome de Little, une paralysie cérébrale infantile qui réduit sa motricité, David Lapendry ne touche que 1.100 euros mensuels d’aide aux adultes handicapés (AAH) et de majoration pour la vie autonome (MVA). Ce qui le place sous le seuil de pauvreté, établie par l’Insee à 1.216 euros pour une personne seule. "Je ne vis plus, je survis, confie ce célibataire qui réside en HLM. Et je n’en peux plus." D’où sa première mesure, s’il est élu: mettre en place un revenu universel autour de 1.300 euros, 100% cumulable avec un autre revenu plafonné à 1.700 euros. Et avec une part dégressive au-delà. "Si certains politiques ne jurent que par la valeur travail, comme si c’était une religion, elle peut être extrêmement destructrice pour des personnes qui ne sont pas en capacité de travailler", poursuit celui qui a obtenu un BEP comptabilité, avant de suivre une formation informatique.
Décroissance économique "dans les domaines inutiles", suivi psychologique adapté pour les élèves en détresse et mesures écologiques font partie de ses autres chantiers. Y compris le renfort de policiers. "On peut être de gauche et parler de sécurité, précise celui qui réfléchit également à une candidature aux municipales à La Valette, où il vit depuis quelques années après une escale à Hyères. J’ai grandi dans un quartier chaud de Toulon, où quand je voyais les forces de l’ordre, j’étais content."
Les premières barrièresSon ambition présidentielle est née en 2011, au moment des primaires de la gauche. Militant au Parti socialiste, il voulait alors en être. "Au niveau du PS 83, on m’a dit que c’était n’importe quoi, que c’était impossible, rapporte-t-il. Mais pourquoi ça ne devrait être réservé qu’aux gens en haut de l’affiche?" Déçu par un François Hollande arrivé au pouvoir, il rend sa carte dès la première année du quinquennat. Et met son rêve de côté. "J’ai arrêté de dire que je voulais être Président pour ne pas être encore plus isolé", regrette le quadragénaire. Jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron, qu’il qualifie de "mauvais Président": "Il est trop dans le capitalisme, trop dans la réussitocratie".
En 2022, David Lapendry tente une première approche pour changer le cours de l’histoire politique. Pour lancer sa candidature, il crée un site Internet, une chaîne YouTube et un compte TikTok. Sans réussir à faire le buzz. "Ça a été un échec total, concède-t-il. Aucun journaliste ne s’est intéressé à moi. On peut avoir le meilleur programme du monde, mais si personne ne vous connaît..." Son dernier espoir, à l’époque? Lancer une pétition à destination des maires, députés, sénateurs, conseillers régionaux, départementaux, les présidents de Métropoles... afin de décrocher au moins un parrainage sur les 500 nécessaires. "Une personne du peuple a-t-elle la possibilité réelle, en France, de se présenter à une élection présidentielle?", questionne-t-il en préambule. "Même Geneviève Levy (députée varoise, à l’époque, Ndlr), qui semblait m’apprécier, ne m’a pas accordé sa signature", déplore ce militant, tombé dans la politique en 2002, au moment de l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle.
Intégré à Génération.s, peu lui accordent alors du crédit. "Quand j’ai annoncé mes intentions lors d’une visio régionale, l’animatrice a eu un regard noir, se souvient David Lapendry. Ça s’est très mal passé." S’ensuit sa démission du parti, puis son retour quelques mois plus tard comme référent hyérois d’un groupe dissident, avant d’être promu co-coordinateur du Var, début 2024.
Des idées réactualiséesDepuis, son programme a évolué. "Je suis pour la VIe République. On a vu la gauche remporter les dernières législatives, mais on a un gouvernement de droite. C’est trop le bordel, déplore-t-il. Macron se moque des traditions. Alors il faudrait changer la loi pour ne plus que ça puisse se produire". Autre idée, celle d’un scrutin par jugement majoritaire, autrement multichoix afin de voter pour "son candidat de cœur plutôt que d’opter pour un vote utile".
Reste à convaincre les instances parisiennes. "Il y a deux mois, j’ai écrit un courrier à Hella Kribi-Romdhane, coordinatrice nationale de Génération.s, pour la prévenir de ma candidature, indique David Lapendry. J’attends toujours son retour." Pas de quoi le décourager. Sa citation préférée? Celle de son mentor, Che Guevara: "Soyons réalistes: exigeons l’impossible". Et puis, si l’Élysée tombe à l’eau, ce Varois a un plan B: la députation pour "changer les lois" et l’écriture d’un livre sur son histoire. Pas si impossible que ça.
Var-Matin