Un projet à 7 millions d’euros: la première pierre du futur centre de secours des pompiers de Draguignan a été posée

"C’est une étape importante pour les sapeurs-pompiers et le territoire et ce pour des décennies à venir", se sont félicités Dominique Lain, président du conseil d’administration du Service départemental d’incendie et de secours (Sdis) du Var et le contrôleur généra du Sdis, Eric Grohin. Hier, s’est déroulée, comme pour chaque chantier d’envergure, la traditionnelle pose de la première pierre du futur Centre d’intervention et de secours (CIS) des sapeurs-pompiers de Draguignan.
2.500m² de planchersCelui-ci est en cours de construction sur l’ancien stade du collège Rostand et longeant l’avenue du 15e corps d’armées. "C’est l’aboutissement d’un long travail permettant de mettre en sûreté la caserne des pompiers, tombée sous les eaux en 2010 lors des terribles inondations qui ont frappé la Dracénie", rappelle Éric Grohin (lire plus bas). La caserne actuelle, sise boulevard Saint-Exupéry, est à quelques pas seulement de la Nartuby, située depuis 2014 en zone inondable.
"L’actuel CIS de Draguignan est composé de 150 sapeurs-pompiers. Il comporte la section des secours en milieux périlleux et montagne (SMPM) et comptabilise sur l’année 2024 un total de 5.477 interventions", rappelle Dominique Lain. Les élus et techniciens se sont réunis pour plancher sur un tout nouveau centre installé sur ce terrain, cédé à l’euro symbolique par le Département du Var, d’une superficie de 12.500m².
Dès lors, le Sdis a lancé un appel à candidature pour la conception du futur centre en 2022. À l’issue, c’est l’Atelier Naom, déjà à la baguette pour le CIS de Grimaud, qui a été retenu.
"Nous avons pensé ce centre de secours en deux entités afin que cet équipement soit efficient et rustique, le tout sur 2.500m² de plancher", détaille Damien Fluchaire, architecte gérant de l’Atelier Naom. "Un espace de 1.000m² environ sera dédié à la vie des pompiers et à l’administratif. Le reste étant dédié à la remise, permettant l’accueil d’une trentaine de véhicules et de l’ensemble du matériel."
Livraison prévue fin 2026, début 2027Quant à la question des accès au CIS, l’urbaniste apporte des éléments supplémentaires: "nous allons construire une passerelle à l’arrière du bâtiment pour permettre l’accès aux centres pour le personnel, les véhicules de service et pour l’utiliser également si l’accès à l’avenue est impossible."
"Les travaux ont été confiés à treize entreprises, dont sept sont varoises", se félicite Dominique Lain. Le centre aura sa propre station de lavage et de carburant, un abri pour deux-roues et des stationnements végétalisés. Des panneaux photovoltaïques seront installés pour permettre une autoconsommation électrique. "Nous espérons pouvoir inaugurer ce centre de secours fin 2026, début 2027", conclut le maire du Luc-en-Provence. Le tout pour un coût prévisionnel de 6,99 millions d’euros.
Une étape teintée des inondations du 15 juin 2010"C’est un moment lourd de symbole, quinze ans, quasiment jour pour jour, après les inondations qui ont pris 27 vies", rappelle le contrôleur général du Sdis du Var, Éric Grohin, alors chef de la caserne de pompiers dracénoise. "Je me souviens depuis la caserne de la montée des eaux, à tel point qu’il ne restait que l’antenne de visible, puis de l’inondation du Sdis et de notre centre de crise installé au centre commercial du Salamandrier", raconte-t-il le visage grave, tout en rendant hommage à la sous-préfète de l’époque, Corinne Orzechowski. "Je me souviens des sapeurs-pompiers de notre caserne, qui ont dû faire l’inimaginable: sauver des vies sans la moindre assurance de leur propre sécurité. Je me souviens aussi de Michel Maria, l’actuel commandant du centre de secours de Draguignan, partir faire les investigations à Rebouillon."
"Nous avons vécu le pire, nous avons aussi évité le pire"
Le hameau de Châteaudouble avait été ravagé par la vague, tuant trois personnes sur son passage. "Sans l’action des sapeurs-pompiers et des forces de sécurité civile – lesquels ont réalisé 2.450 sauvetages, dont 1.300 par les airs –, le bilan aurait été plus lourd. 300 personnes sauvées étaient destinées à une mort certaine", rappelle-t-il.
Le maire de Draguignan, Richard Strambio, a aussi pris la parole, empreint d'une profonde émotion. "Quand je parle du 15 juin, l’émotion me submerge", lance l’édile. "Sans vous, combien de désastres familiaux aurait-il fallu dénombrer? Nous avons vécu le pire, nous avons aussi évité le pire", explique-t-il avec force avant de s’asseoir, les yeux embués par les larmes.
Quinze ans après, la plaie du 15 juin 2010 est bien loin d’être refermée. Le sera-t-elle un jour?
Var-Matin