Une jeunesse monégasque pleine de ressources

Ah, les jeunes... qu’ils disaient. En Principauté, ils sont pleins d’idées. Et ils s’engagent pour leur patrie. Depuis plusieurs mois, dans le cadre du Conseil national des jeunes, le futur de Monaco – peut-être les conseillers nationaux de demain – planche sur un sujet vaste mais ô combien fondamental pour la jeunesse, celui de l’attractivité. "S’il y a un âge pour voter, ou pour se porter candidat, il n’y a pas d’âge pour rêver, pour créer, pour apporter des idées nouvelles et encore moins pour servir notre pays ", déclare le président du Conseil national Thomas Brezzo en préambule.
À tour de rôle, lors de la séance de clôture du Conseil national des jeunes jeudi dernier, les dix adolescents – dans un climat d’écoute mutuelle – ont soutenu leurs projets avec vigueur, dans un hémicycle principalement féminin (neuf filles pour un garçon). Chose assez rare pour être soulignée. Des idées qui seraient concrètement "applicables", selon Thomas Brezzo.
Et c’est Lou Nardi, 14 ans, la benjamine, en troisième au collège Charles-III qui introduit les débats avec assurance, dans la peau de la rapporteure du texte. "En tant que jeunes, l’attractivité est un sujet qui nous attire [...] On a remarqué que la Principauté a plein d’atouts uniques, reconnus par les jeunes ici présents. Cependant, certains aspects devraient être améliorés. Nous constatons un décalage entre l’offre culturelle existante et ce que nous, jeunes, attendons. L’offre est limitée et ne répond plus aux besoins des jeunes, qui vont parfois chercher des activités en dehors de la Principauté", déroule-t-elle. "Notre rapport d’intention s’articule en deux grandes parties, une première pour rendre Monaco plus accessible et attractive pour les jeunes, l’autre pour suivre, attirer et garder les talents en Principauté", poursuit Mahaut Vanony, en terminale au lycée Albert-Ier, laissant les idées fuser.
Proposer une vie nocturne de qualité mais moins "élitiste"Pour Tara Eastwood, en terminale au lycée Albert-Ier, l’implantation et le développement de festivals en Principauté pourraient décider de faire rester la jeunesse en ses terres. "Mon idée est de faire gagner en attractivité par la musique. Il serait intéressant que des festivals soient organisés chaque année pour renforcer l’image de Monaco dans ce domaine et pour la faire rayonner sur la scène musicale internationale. On peut imaginer transformer le MC Summer Concert en festival à ciel ouvert, comme Coachella ou Primavera Sound", dit-elle, avant de développer. "Cela pourrait se dérouler sur plusieurs jours et sur le port-Hercule, sous le chapiteau de Fontvieille voire au Louis-II. Avec une programmation composée d’artistes de renom et émergents, dans des styles différents [...] pour proposer à la jeunesse locale et internationale une vie nocturne qualitative, dans un cadre sécurisé mais moins élitiste."
Selma Terbeche, scolarisée au lycée Albert-Ier également, en terminale, propose quant à elle la gratuité des musées le dimanche. "Monaco possède un patrimoine culturel exceptionnel mais ils ne sont pas toujours fréquentés par des jeunes ou par des familles. Je propose de les rendre gratuits tous les dimanches comme à Paris [certains musées y sont gratuits le 1er dimanche du mois, NDLR] car c’est le seul jour où la famille a du temps à partager ensemble. On pourrait y organiser des activités spéciales pour le jeune public. Ce n’est pas une idée spectaculaire mais elle est réalisable et c’est une idée simple, utile et humaine pour améliorer notre vie quotidienne."
Un "observatoire des métiers de demain"Autre initiative pour l’attractivité, celle de la "cyber-réputation". Anaïs Malgherini, 18 ans, en terminale au lycée Albert-Ier développe: "Pourquoi Monaco ne serait pas la prochaine scène des créateurs de contenus? En leur proposant de réaliser des formats originaux dans des lieux emblématiques de la Principauté? À la manière d’Inoxtag sur les Champs-Élysées. Ça serait un concept unique pour valoriser le patrimoine d’une façon moderne. On pourrait même imaginer un concours de création de contenus à la monégasque. Pour positionner la Principauté comme un carrefour culturel et numérique, alliant prestige et modernité", argumente-t-elle, avant de laisser la place au seul garçon de cette assemblée, Nelson Julien. Travaillant sur la deuxième partie du rapport, celle pour "attirer et garder les talents en Principauté", le lycéen de première à FANB propose la création d’un "observatoire monégasque des métiers de demain".
"Pour identifier au profit des jeunes les secteurs porteurs et adapter les formations en conséquence", précise-t-il. Le conseiller national junior souhaiterait par ailleurs mettre en place un concours d’innovation monégasque, pour "attirer les talents".
Des pistes de réflexion pour leurs homologues séniorsDe son côté, Chanel Gozes-Brezzo appelle de ses vœux à la création d’un forum de l’emploi... pour les étudiants boursiers de la Principauté et d’un centre public de soutien scolaire gratuit et ouvert à tous les élèves de Monaco. "La réussite sera accessible à tous. À travers un dispositif concret et durable, on investit dans notre jeunesse."
Sans surprise, à l’issue des débats, et du résumé de la rapporteure du texte, le rapport a été adopté à l’unanimité. De quoi peut-être donner de nouvelles pistes de réflexions aux Conseillers nationaux séniors...
"Nous allons examiner vos solutions avec attention et défendre celles qui ont le plus de chance d’aboutir", assure la conseillère nationale Mathilde Leclerc pour conclure cette séance. L’élue, qui encadrait ces conseillers juniors tout au long de ces derniers mois, rappelle que l’interdiction des cigarettes électroniques jetables (puff) et l’instauration de stages en entreprise en classe de seconde étaient le fruit des travaux des précédentes promotions du Conseil national des jeunes.
Nice Matin