Besançon. Chirurgies ratées des hémorroïdes : le Dr Clemens toujours interdit d’opérer

La nouvelle est accueillie par des applaudissements dans la salle des pas perdus du palais de justice. Satisfaction pour les patients du docteur Clemens. Il y a de l’émotion et cela traduit la douleur que certains d’entre eux semblent avoir endurée.
Johan Burmecha, 49 ans, opéré il y a sept ans par le proctologue bisontin, confirme : « C’est une bonne décision, on voulait tous qu’il n’opère plus et on continue à se battre pour ça. »
Mis en examen depuis 2024 pour blessures involontaires sur plusieurs dizaines de patients après des opérations des hémorroïdes, Luc Clemens pouvait continuer à exercer dans le milieu médical, mais plus opérer. En désaccord avec cette privation, il a contesté cette décision devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Besançon. Après un premier renvoi mi-août, l’audience a eu lieu ce mercredi et la juridiction a confirmé l’interdiction pour le médecin de pratiquer tout acte de chirurgie.
Mis en cause pour des opérations des hémorroïdes, le proctologue, qui demeure présumé innocent à ce stade de la procédure , souhaitait pouvoir exercer des actes chirurgicaux en urologie, spécialité pour laquelle il est diplômé. L’objectif était de pouvoir répondre à une offre d’emploi proposée par une clinique du Vaucluse.
Absent à l’audience, Luc Clemens était représenté par son avocat, Me Xavier Flécheux. Ce dernier a affirmé ne pas être surpris par la décision. « Nous redéposerons une demande de modification du contrôle judiciaire devant le juge d’instruction dès que les premiers rapports d’expertise seront rendus », affirme l’avocat. « La pratique du Dr Clemens en matière de chirurgie urologique a été validée par un collège d’experts et par le Conseil national de l’Ordre des médecins. Il n’y a pas de raison de l’empêcher d’exercer comme chirurgien urologue. » Me Flécheux ajoute que son client n’avait « jamais été mis en cause » dans le domaine de l’urologie.
Une quarantaine de patients du Dr Clemens se sont déplacés ce mercredi au palais de justice de Besançon. Certains d’entre eux, ne s’étant pas portés partie civile dans le strict cadre de l’instruction judiciaire, n’ont pas pu assister au débat. Ils n’ont pas caché leur agacement. Tout comme ils ont regretté l’absence de Luc Clemens. Avant de laisser éclater leur soulagement au moment de l’annonce de la décision.
Au moins 71 victimes
« En tout, 71 victimes ont été recensées dans le cadre de l’instruction », affirme Me Olivier Levy, avocat de plusieurs patients. « On peut compter au moins une trentaine de plaintes en plus si l’on compte le volet civil de l’affaire. »
L’avocat ajoute que les patients qui demandent une réparation de leur préjudice n’iront pas tous au pénal. En attendant, l’instruction judiciaire va se poursuivre dans les prochains mois. « Un collège d’experts parisiens va devoir se prononcer sur l’existence ou non de fautes médicales qui seraient constitutives d’une infraction pénale », ajoute Me Olivier Levy qui s’est, lui aussi, réjoui de la décision de la chambre de l’instruction interdisant au praticien d’opérer.
Le Progres