Des échantillons de glace de plus d’1,5 million d’années pourraient livrer les secrets du changement climatique

Des carottes de glace, extraites jusqu’à 2 800 mètres de profondeur dans l’est de l’Antarctique, sont arrivées cette semaine au Royaume-Uni pour y être fondues et étudiées. Ces échantillons, datant de plus d’1,5 million d’années, pourraient permettre de mieux comprendre les effets du changement climatique.
Il a fallu une coopération internationale, quatre années de forages et des millions de dollars pour extraire dans l’est de l’Antarctique une carotte de glace longue de 2 800 mètres. “La glace a été coupée en tronçons d’un mètre et transportée par bateau, puis dans une camionnette réfrigérée, jusqu’à Cambridge”, au British Antarctic Survey (BAS), raconte la BBC.
Les échantillons extraits à 2 800 mètres de profondeur dateraient d’un moins 1,5 million d’années et les trésors qu’ils renferment pourraient “révolutionner” ce que nous savons sur le changement climatique. “Il s’agit d’une période totalement inconnue de l’histoire de notre planète”, explique la professeure Liz Thomas, responsable de la recherche sur les carottes de glace au BAS, l’opérateur national britannique en Antarctique.
Pendant sept semaines, l’équipe de scientifiques “fera lentement fondre la glace”, libérant ainsi “des poussières anciennes, des cendres volcaniques et même de minuscules algues marines appelées diatomées, emprisonnées lorsque l’eau s’est transformée en glace”, précise le diffuseur britannique. “Ces matériaux peuvent renseigner les scientifiques sur la circulation du vent, la température et le niveau de la mer il y a plus d’un million d’années”.
L’équipe de Liz Thomas pourrait notamment confirmer l’existence d’une période, il y a plus de 800 000 ans, “où les concentrations de dioxyde de carbone auraient pu être naturellement aussi élevées, voire plus élevées, qu’aujourd’hui”, souligne la BBC. “Cela pourrait l’aider à comprendre l’avenir de notre planète” face au réchauffement climatique.
“Notre système climatique a connu tellement de changements différents que nous devons vraiment pouvoir remonter dans le temps pour comprendre ces différents processus et points de basculement”, explique Mme Thomas.
Les travaux du BAS pourraient en outre aider les scientifiques à “comprendre un changement mystérieux appelé la transition du Pléistocène moyen, qui s’est produit il y a 800 000 à 1,2 million d’années, lorsque les cycles glaciaires de la planète ont soudainement changé”.
L’alternance entre périodes chaudes et glaciaires se produisait jusqu’alors tous les 41 000 ans, “mais elle est soudainement passée à 100 000 ans”, explique la BBC. La cause de ce changement est l’une des “questions non résolues les plus passionnantes” de la science du climat, assure Mme Thomas.
Courrier International