La baisse du taux de vaccination met des millions d’enfants en danger

Une vaste étude parue dans la revue médicale “The Lancet” montre que le taux de vaccination infantile marque le pas dans le monde depuis 2010. La faute aux inégalités grandissantes, aux conflits et à la désinformation, soulignent notamment les chercheurs.
Les avancées en matière de vaccination des enfants contre des maladies mortelles ou potentiellement handicapantes stagnent depuis une quinzaine d’années, voire régressent dans certains pays, selon une vaste étude publiée dans The Lancet mardi 24 juin et relayée par de nombreux médias.
Cette situation met des millions d’enfants en danger, alertent les chercheurs, et risque d’entraîner une recrudescence de flambées épidémiques de maladies pourtant évitables dans des régions du monde qui ont difficilement accès aux soins. C’est déjà le cas en Afghanistan et au Pakistan par exemple, où un nombre croissant de cas de polio a été signalé. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, où moins de la moitié de la population est immunisée, une épidémie de polio est en cours.
Pourtant, rappelle le site de la chaîne britannique BBC, “le programme mondial de vaccination des enfants a été une grande réussite”. Entre 1974 et 2023, la couverture vaccinale a doublé, plus de 4 milliards d’enfants ont été vaccinés, évitant 150 millions de décès à travers le monde, d’après les résultats de l’étude.
Mais les auteurs ont constaté une stagnation depuis 2010, à tel point qu’il existe désormais de grandes variations dans la couverture vaccinale à travers le monde. Les taux de vaccination contre la rougeole ont même chuté dans près de 100 des 204 pays passés en revue. Cette maladie extrêmement contagieuse a ainsi fait son retour aux États-Unis, d’où elle avait été éradiquée en 2000. Depuis le début de l’année, trois enfants en sont morts dans le pays – une première depuis dix ans.
En outre, dans 21 des 36 pays considérés comme riches par l’étude – notamment la France, l’Italie ou encore le Japon –, la vaccination pour au moins une maladie de type diphtérie, tétanos, coqueluche, rougeole, polio ou tuberculose, a reculé.
L’immunologue David Elliman, de l’University College London, qui n’a pas participé aux travaux, explique à la BBC que de nombreux facteurs contribuent à cette situation :
“Dans le monde entier, l’augmentation du nombre de pays déchirés par des conflits internes et des guerres, en parallèle avec les baisses importantes des budgets de l’aide internationale voulues par les pays riches comme les États-Unis et le Royaume-Uni, complique l’accès aux vaccins.”
En outre, complète-t-il, “quand des décisions politiques sont apparemment prises en fonction d’opinions douteuses et non plus de données scientifiques, nous allons tout droit à la catastrophe”. C’est pourquoi les signataires de l’étude appellent à lutter contre la désinformation autour des vaccins afin d’éviter que les parents refusent de faire vacciner leurs enfants.
Les chercheurs appellent également à ce qu’un effort concerté entre les pays permette d’améliorer l’accès aux vaccins et de rendre cet accès plus équitable à travers le monde.
Courrier International