Troubles psychiatriques, alcool, vandalisme : portrait des incendiaires du Portugal

L’hebdomadaire “Expresso” s’intéresse au profil de ceux qui déclenchent des feux dans le “pays qui brûle le plus” au sein de l’Union européenne, à la suite d’un rapport publié cette semaine. Les incendies criminels sont la principale cause des milliers d’hectares partis en fumée, relaie l’hebdomadaire. “Une réalité que les responsables politiques refusent de voir”, ajoute-t-il.
Une flamme danse sur du goudron à la une de l’édition datée du 18 juillet d’Expresso. “Incendie criminel”, titre l’hebdomadaire portugais, qui consacre sa couverture à ce fléau, après la publication du rapport annuel de l’Agence pour la gestion intégrée des incendies ruraux (Agif) au Portugal, “le pays de l’Union européenne qui brûle le plus”.
Entre 2011 et 2023, 16,05 % du territoire portugais a été ravagé par les flammes, selon les données du Système européen d’information sur les feux de forêt (Effis). Loin devant la Grèce (3,8 %), l’Italie (3,2 %), la Croatie (3 %) ou encore l’Espagne (2,8 %). Les chiffres de l’Institut de conservation de la nature et des forêts montrent qu’au Portugal les incendies criminels sont la principale cause des feux, et qu’ils représentent plus de 50 % de la superficie brûlée entre 2011 et 2023.
L’an passé, les incendies criminels ont même représenté 84 % de la superficie brûlée au Portugal. Quasiment tous ont eu lieu dans le nord et dans le centre du pays. “Une réalité que les responsables politiques refusent de voir”, souligne Expresso qui, dans ses pages, retrace “l’histoire d’un État qui a abandonné une grande partie de son territoire et de sa population”.
Aussi l’hebdomadaire s’intéresse-t-il au profil des incendiaires dressé par la police judiciaire portugaise après avoir interpellé 800 personnes, en grande majorité des hommes. Expresso précise :
“Les personnes souffrant de troubles psychiatriques – tels que la dépression, la schizophrénie, les troubles de la personnalité ou les déficits cognitifs – représentent 38 % des cas. Elles sont motivées par la colère, la vengeance, l’excitation, le plaisir ou veulent simplement attirer l’attention.”
Aussi, 38 % des incendiaires interpellés ajoutent à ces raisons de graves problèmes d’alcoolisme. Et les 24 % restants concernent des personnes atteintes d’une maladie mentale, qui ne consomment pas d’alcool et commettent ce crime dans le but de nettoyer un terrain ou par pur vandalisme. Dans son rapport, l’Agif préconise aux autorités de prendre à bras-le-corps ces problèmes d’alcoolisme et de santé mentale, et suggère un suivi accru des récidivistes.
Courrier International