54e Festival de Saintes : « Good Morning, abbaye aux Dames » avec les Bach’n’breakfast

Cette année, chaque matin à 9 h 30, le festival invite celles et ceux qui le souhaitent à se réveiller en musique avec un ou une artiste seul(e) en scène. Un moment suspendu d’une quinzaine de minutes, ouvert à tous
Adrian Cronauer, l’animateur radio américain incarné par le génial Robin Williams en 1987 dans « Good Morning, Vietnam », réveillait les soldats en poste à Saïgon avec du rock’n’roll , au milieu des années 1960. Cette année, le 54e Festival de Saintes a son « Good Morning, abbaye aux Dames » (1) avec les Bach’n’Breakfast. Chaque matin à 9 h 30, un ou une artiste offre une prestation solo durant une quinzaine de minutes, dans les murs de l’abbatiale.
C’est un souvenir marquant de la violoncelliste de renom, Ophélie Gaillard, alors jeune musicienne jouant seule dans l’abbatiale, qui a donné naissance à ce rendez-vous matinal. « Cela m’avait infiniment touchée », se rappelle celle qui est aussi la directrice artistique du festival durant ces deux années.
Avec Matteis et BiberCe mardi matin 15 juillet, le réveil se fait tout en douceur avec la violoniste suisse Eva Saladin, membre de Gli Angeli. Seule face à un public de près de 70 personnes, en majorité des adultes accompagnés de quelques bambins, elle interprète deux mouvements imaginés par le Napolitain Nicola Matteis (1750-1714), « Passaggio rotto » et « Fantasia » (en la mineur), suivis de « Passacaglia » de l’Autrichien Heinrich Biber (1644-1704).

Anne Lacaud/SO
« C’est un répertoire que j’aime beaucoup, confie la musicienne à l’issue de sa prestation. Ces mouvements ont été écrits pour être joués dans une église. L’acoustique de l’abbatiale est incroyable et j’aime jouer avec. » L’interprétation ne peut laisser insensible, néophytes inclus.
« C’est vraiment un cadeau »Ophélie Gaillard, qui a présenté la jeune musicienne avant ce moment suspendu, se dit ravie des retours. « On était plus de 110 lundi matin, c’était génial avec Daniel de Morais au théorbe », confie l’artiste, avant de préciser : « Ce n’est pas un concert, c’est un moment offert par l’artiste soliste, c’est vraiment un cadeau. » Elle aimerait aussi « casser les codes » avec ce moment. « Si le public veut se déplacer dans l’abbatiale pour regarder les tapisseries, l’architecture des lieux, qu’il le fasse. C’est un moment relax, le matin au réveil. »
Grâce à ces œuvres, l’abbatiale offre un son extraordinaire. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les artistes

Anne Lacaud/SO
Du côté du public, on note des applaudissements nourris et des mines réjouies. Marie-Odile, une habituée du festival en provenance de région parisienne, ne tarit pas d’éloges : « On a adoré ! On s’y sent libre. Le fait que ce soit une seule personne qui joue, c’est particulier. Je l’ai vécu comme un mélange de concentration et de décontraction. »
Pour Maryse, Saintaise, « C’est un beau moment de recueillement. Ça nous motive à faire notre marche plus tôt pour être là à 9 h 30. D’habitude, le matin, je démarre moins tôt. » Marcel Penaud, son époux, a présidé l’association des Tapisseries de la Génèse de Jean-François Favre, artiste disparu l’an passé. « Grâce à ces œuvres, l’abbatiale offre un son extraordinaire. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les artistes. »
(1) Good morning est l’expression la plus utilisée pour dire bonjour en anglais.
Bach’n’Breakfast Jeudi 17 juillet Atsushi Sakaï (violoncelle) et Julien Chauvin (violon) de l’ensemble Cambini-Paris Vendredi 18 juillet Ophélie Gaillard (violoncelle).Samedi 19 juillet Gabriel Pidoux (hautbois) de l’ensemble Sarbacanes.SudOuest