55 ans de la Zarpai Banda à Hendaye : omelette géante, bérets rouges et pirates… les fondateurs racontent leurs souvenirs de fêtes hors norme

Du 18 au 20 juillet, la Zarpai Banda célébrera son 55ᵉ anniversaire sur le port de Caneta, à Hendaye. Depuis 1970, l’association fait vibrer la ville au rythme de ses fêtes spectaculaires. À l’approche de cette nouvelle édition, Michel Lambert et Xavier Lassalle, les deux fondateurs, ont ravivé les souvenirs d’un demi-siècle de folies festives et de fidélité populaire
Après dix ans d’attente, la Zarpai Banda va enfin pouvoir fêter son anniversaire avec le peuple hendayais. Les grandes retrouvailles auront lieu du vendredi 18 au dimanche 20 juillet, sur le port de Caneta, et viendront réparer l’absence d’une édition annulée en 2020, année où la bande devait célébrer ses 50 ans. Une parenthèse imposée par la crise sanitaire, qui a brisé une belle régularité. Car depuis des décennies, la Zarpai souffle ses bougies tous les cinq ans, au rythme de festivités hors norme. Les fondateurs, Michel Lambert et Xavier Lassalle, ont déroulé le fil d’une aventure devenue « légende ».
Lors d’un rendez-vous improvisé au local de l’association hendayaise, repaire de la société culinaire de la Zarpai, les deux compères ont raconté, avec précision et enthousiasme intacts, les origines de l’histoire. Ses débuts d’abord, le 9 août 1970. La fête basque est annulée à cause d’une météo capricieuse. « Une catastrophe pour les Hendayais », confie Xavier. « Un tsunami », surenchérit Michel.
On a démarré avec notre seul char, dans l’illégalité la plus totale, et tous les Hendayais nous ont suivis.
La population envahit déjà la rue, et les deux amis, toujours bien entourés, rassemblent une dizaine de « copains ». « On a démarré avec notre seul char, dans l’illégalité la plus totale, et tous les Hendayais nous ont suivis. Il faut imaginer : cinq kilomètres de parcours, onze musiciens à peine, et toute la ville derrière nous », sourit Xavier.

Zarpai Banda
D’autant que la pluie n’a finalement jamais pointé le bout de son nez. Le succès est sans appel. Le rendez-vous officiel est finalement reprogrammé quelques jours plus tard, le 16 août. Cette fois encore, la toute jeune Zarpai Banda est de sortie, portée par un engouement populaire et la certitude qu’il y avait désormais quelque chose à construire.
Le 11 octobre de la même année, les statuts de l’association sont déposés… dans une cidrerie, autour d’un œuf au jambon. Le début d’une aventure musicale : d’abord la banda, puis la tamborrada dans les années 1980, l’école de musique ensuite, et enfin la société culinaire, elle aussi fondée au cours de cette décennie.
Pour se faire connaître, la Zarpai Banda se mue en chef d’orchestres d’événements festifs extraordinaires. Les premières se déroulent au fronton : trois par été, dont les premières se sont tenues fin des années 70. À l’époque, l’affiche promettait déjà un rendez-vous festif, convivial et abordable, avec une entrée au prix de 10 francs et un paquet de confettis offert.
À un moment donné, il a bien fallu la retourner, l’omelette. On a fait appel à une grue, et les cuisiniers tiraient avec des cordes.
Pour sa première grande fête mémorable, la Zarpai voit les choses en grand. En 1977, 11 000 personnes découvrent une omelette géante. « 630 kilos, 110 litres d’huile, 3 600 œufs, sept kilos de sel », égrène Michel avec une précision d’orfèvre. La foule, émerveillée, assiste à un spectacle gastronomique hors norme. « À un moment donné, il a bien fallu la retourner, l’omelette. On a fait appel à une grue, et les cuisiniers tiraient avec des cordes », raconte Xavier.

Zarpai Banda
La Zarpai Banda prend alors l’habitude de voir toujours plus grand. Le 13 juillet 1990, pour ses 20 ans, l’association entend « passer à l’âge adulte ». Cent cinquante bénévoles se mobilisent pour organiser la « Feria de Tapas », avec, une fois encore, une idée folle : reproduire son écusson à l’aide de 10 000 tapas, lors d’un grand rendez-vous à Ondarraïtz.
Rien n’est écrit, mais une certaine logique s’impose : désormais, la Zarpai fêtera son anniversaire en grande pompe tous les cinq ans. Le 18 août, les festivités se tiennent en plein cœur de la toute nouvelle place de Sokoburu, face au port de plaisance. « Herriko Besta », la fête aux bérets rouges, rassemble plus de 10 000 personnes. Le tout dans un quartier tout juste sorti de terre, bâti à l’époque par le promoteur immobilier Marc Boulin, qui exploite alors le seul commerce de la place, le restaurant « La Pinta. » Un anniversaire d’autant plus émouvant qu’il survient trois mois après la disparition du président de l’association, Michel Martin.
C’était une fête merveilleuse, l’une des plus belles, avec la reproduction de la Calle Estafeta de Pampelune, une grande ferme...
En 1995, la Zarpai voit toujours plus grand. Trois jours de fête, les 18, 19 et 20 août, sont organisés sur l’esplanade Gaztelu-Zahar, avec 300 bénévoles mobilisés et un budget impressionnant, gonflé par les annonceurs et les sponsors. « C’était une fête merveilleuse, l’une des plus belles, avec la reproduction de la Calle Estafeta de Pampelune, une grande ferme… Le décor faisait désormais partie intégrante de la fête », se souvient Xavier, l’étincelle dans les yeux.
PiratesPour ses 35 ans, la Zarpai investit le centre nautique, sur la baie de Txingudi. Les 3 et 4 juin 2005, la fête, baptisée « Sol y Zarpai », prend des allures exotiques, inspirées des îles du Pacifique et des Caraïbes. À l’entrée, des colliers de fleurs sont offerts à chaque participant, qui découvre, les pieds dans le sable, une villa tahitienne ou encore le chapiteau « Alcazar do Brazil ».

Zarpai Banda

Zarpai Banda
Retour au fronton en juin 2010, pour un 40e anniversaire « un peu fou ». « On a recréé les bords de Marne, avec un plan d’eau et des barques. Il y avait un mélange d’ambiances incroyable. » Cinq ans plus tard, à l’aube de son demi-siècle, la Zarpai met le cap sur l’espace Tribord pour trois jours de fête placés sous pavillon pirate. Un rendez-vous toujours plus ambitieux, où tous les bénévoles étaient sur le pont. Les Hendayais se souviennent sûrement du galion échoué au centre de l’esplanade Bidassoa, de la caverne aux trésors peuplée de perroquets, des tonneaux de rhum et des bandanas rouges… mais surtout de l’immense chapiteau, transformé en repaire de flibustiers, où se mêlaient spectacles et banquets.
On a recréé les bords de Marne, avec un plan d’eau et des barques. Il y avait un mélange d’ambiances incroyable.
En 2020, la crise sanitaire a jeté l’ancre sur une dynamique lancée depuis un demi-siècle. Mais le lien entre la Zarpai et les Hendayais, lui, n’a jamais rompu : l’association continue de faire vibrer la fête basque, et d’apparaître là où il y a de la musique, de la joie, des retrouvailles. Alors, après dix ans d’attente, nul doute que le 55e anniversaire, sur le port de Caneta, viendra écrire une nouvelle page de cette histoire. Une page de fête, de souvenirs, et de fidélité joyeuse à l’esprit Zarpai.
SudOuest