Bande dessinée. « J’ai besoin de créer des passerelles » : Alfred invite sa famille d’artistes à Bègles

L’auteur de bande dessinée Alfred a carte blanche pour envahir Bègles. Un « joyeux et précieux terrain de jeu » pour lequel il élabore des collaborations artistiques « inédites et éphémères »
Où est Alfred ? Nous posions déjà la question il y a quatre ans, l’auteur se démultipliant, s’ingéniant à brouiller les pistes, effacer les frontières. « Un besoin d’aller voir si mon dessin y est », confiait-il alors. Son actualité 2025 est à cette image. Plurielle. L’auteur de « Come Prima », « Senso » et « Maltempo » nous offre avec « Les Jardins invisibles » de nouveaux fragments de son enfance italienne, marie dans « La Solidité du rêve » son univers visuel avec la poésie d’Arthur H., planche sur l’adaptation d’un livre de Laurent Gaudié. Et répond entre deux rêveries à l’invitation de Bègles à prendre possession de son territoire. Le principe ? « Investir le plus d’endroits possible, s’amuse-t-il. De la librairie au cinéma en passant par le théâtre et la bibliothèque… En s’adaptant aux lieux et aux espaces. »
La première manifestation en est « Endroits incertains », récit d’une errance graphique, images issues de séances d’EMDR (psychothérapie par mouvement oculaires qui cible les mémoires traumatiques des individus) et d’hypnose. « Dès le premier jour, ce travail a fait surgir des images liées à des souvenirs, que je trouvais absolument fascinantes. Des fragments que je me suis attaché à dessiner tout de suite. J’ai eu envie d’en faire un puzzle. » Le tout proposé sous forme d’exposition. « Parfois ces fragments se répondaient, d’autres restaient isolés, aucune des images n’existe en vrai. À quoi font-elles allusion ? Je n’ai pas toujours la réponse. »

Archives Carine Caussieu
Les événements proposés au fil des semaines sont le fruit de discussions, rencontres, collision d’univers. « J’échange beaucoup avec des gens avec qui j’aimerais collaborer. Que ce soit du live, des livres, des expositions… Une carte blanche, c’est l’occasion de concrétiser ces discussions, de donner forme à ces envies. Comme ce concert dessiné à CitéCirque, avec Nicolas Repac. Je l’ai rencontré sur la tournée d’Arthur H. quand ce dernier m’a invité à le suivre. Très vite, on s’est dit qu’un jour, il serait chouette de faire quelque chose ensemble. »
Nicolas Repac n’est que le petit dernier de la bande. Alfred convoque autour de lui, comme il le ferait d’une famille de théâtre, Selma Papagelli, le dessinateur et jazzman Charles Berbérian, l’ancien directeur artistique du Festival d’Angoulême Benoît Mouchart, l’illustrateur bordelais Régis Lejonc et l’auteur de « Je mourrai pas gibier » Guillaume Guéraud. Mais aussi son complice de toujours Olivier Ka, avec qui il multiplie les projets artistiques, du fondateur « Pourquoi j’ai tué Pierre » aux aventures rêvées du Crumble Club et son Très Bien Orchestre, sur scène comme en bande dessinée.
« Terrain de jeu »Une « tribu Alfred » ? « J’aime bien l’idée », sourit l’auteur, dont l’imaginaire s’est forgé dans les coulisses des scènes grenobloises, où se produisaient ses parents comédiens. « Les relations artistiques et personnelles sont souvent mêlées. Il me semble dès lors impossible de ne pas y embarquer ces gens avec qui j’aime passer du temps. Une carte blanche, c’est l’idéal pour ça, on invente des formes artistiques. Et cela nous permet de nous voir… »
Un « joyeux et précieux terrain de jeu » qui permet également au dessinateur de jeter des ponts entre son dessin et d’autres formes d’expression. « Je viens du théâtre, je viens du dessin, de la bande dessinée et j’ai toujours été accompagné de musique. J’ai besoin de créer des passerelles. »
Spectacles sur réservation. Renseignements : bibliotheque.mairie-begles.fr
Rencontres à Bègles « Endroits incertains », exposition, jusqu’au 31 octobre, bibliothèque municipale. « Promenade sans but », balade littéraire, « petit moment guitare et dessins projetés », vendredi 17 octobre à la librairie du Contretemps. « La Trouille qui fait peur », samedi 25 octobre à 18 heures à la bibliothèque municipale, des « histoires à faire claquer des dents » avec Selma Papagelli, récits illustrés par Alfred. « Brigitte Fontaine : réveiller les vivants », projection du film de Benoît Mouchart, en présence du réalisateur, vendredi 7 novembre à 20 heures au cinéma La Lanterne (séance payante). « Le Voyage aléatoire », avec Nicolas Repac, dialogue improvisé avec matière sonore issue des albums du guitariste d’Arthur H., vendredi 28 novembre à 20 h 30, sous chapiteau aux Terres neuves (payant : de 6 à 16 euros). « Je mourrai pas gibier », lecture de Guillaume Guéraud, illustré en direct par Régis Lejonc, mis en musique par Alfred, jeudi 4 décembre à l’espace Jean-Vautrin. Lectures musicales avec Olivier Ka, voyage à travers leurs ouvrages respectifs « Beyrouth-Liban » et « Les Jardins invisibles », vendredi 5 décembre à 18 h 30 à la bibliothèque municipale.SudOuest