Béarn : le Département achève un chantier de 10 millions d’euros au fort du Portalet

Le Département vient d’achever un chantier dantesque, aux abords du fort du Portalet. Trois passerelles ont été construites dans ce milieu naturel hostile, pour les besoins des visiteurs du fort et des pèlerins. La (grande) dernière était inaugurée ce lundi 7 juillet
Il n’y a pas si longtemps l’on voyait en Béarn les pèlerins du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, empruntant la voie d’Arles, marcher le long de la RN 134 en vallée d’Aspe, dangereusement frôlés par les camions. Pour que le chemin de Saint-Jacques ne demeure pas un chemin de croix, le Conseil départemental s’était attelé, en 2016, à la création de trois passerelles pour sécuriser, d’une part, le chemin de ceux qui cheminent ici, et d’autre part l’accès au fort du Portalet, principale attraction touristique de la vallée.
Presque 10 ans et presque 10 millions d’euros plus tard, le grand chantier des abords du fort du Portalet a pris fin avec, lundi 7 juillet, l’inauguration de la passerelle construite en encorbellement le long de la RN 134 et terminée en avril 2025. Pour ce seul ouvrage, 5,9 millions d’euros ont été nécessaires, dont 3,6 millions financés par le Département, un million par l’État, près de 700 000 euros par la Région Nouvelle-Aquitaine et, plus étonnant, 600 000 euros par la Région Occitanie, via le fonds Feder Pyrénées.
Neuf ans pour trois passerelles, le temps a pu sembler long. Mais en cet endroit de la vallée d’Aspe, le Département a dû faire face à nombre d’embûches « techniques, physiques et environnementales », expliquait lundi son président, Jean-Jacques Lasserre. Topographie encaissée, chute de blocs, périmètre classé au titre des Monuments historiques, zone Natura 2000…
Les fortes contraintes ici ont fait que les entreprises en charge des travaux n’ont guère pu travailler plus de 5 à 6 mois par an. Impossible en effet d’œuvrer sous les tempêtes de neige hivernales, ou encore pendant la nidification du percnoptère. Pour parachever le tableau, il faut aussi se souvenir des terribles crues de septembre 2024, « qui ont reporté de plusieurs mois la fin des travaux », complète le préfet, Jean-Marie Girier.
« Des camions qui vous passent au ras des fesses »« Mais miracle : cela a pu se faire. Un genre de prouesse technique », salue Jean-Jacques Lasserre. Prosaïque, le maire de Borce, Philippe Vigneau, a lui aussi « remercié ces gens qui ont pris des risques sur la route, avec des camions qui vous passent au ras des fesses ». Les barrières en bois de la toute nouvelle passerelle ont d’ailleurs déjà fait les frais du passage des camions, dans un virage serré au pied du fort (lire par ailleurs)…

Quentin Top/Sud Ouest
Le maire de Borce n’oublie pas d’honorer la mémoire de ses prédécesseurs, « René Rose, qui a porté le projet du Portalet durant de longues années sur ses épaules, et Jean-Claude Coustet également, qui nous a quittés récemment. » Personnages auxquels il faut aussi ajouter l’ancienne maire d’Etsaut, Élisabeth Medard, fait remarquer le président du Conseil départemental.
Les parkings, pas encore signalisésCette nouvelle passerelle doit donc permettre d’améliorer l’accès au fort du Portalet, mais aussi son attractivité. « Pour l’heure, les visites dépassent les prévisions », se félicite le président de la Communauté de communes du Haut-Béarn, Bernard Uthurry, qui représentait la Région. « Comment pouvait-on imaginer construire cela ? », lance-t-il en contemplant l’ogre de pierre qui domine le fond de la vallée. « C’est un hommage au génie des hommes, comme l’a été le chemin de la Mâture. »
Pour finir le travail, il faudra encore finir l’aménagement du parking de la gare d’Urdos, censé accueillir les véhicules des visiteurs. « La CCHB s’était engagée à le faire, on est à la fin du chantier », pointe la déléguée du Département au tourisme quatre saisons, Laure Laborde. « Le parking est tracé, des voitures s’y sont garées ce matin. Les premiers panneaux vont être installés dans les jours qui viennent », répond Bernard Uthurry. Une inauguration sans petite pique, c’est comme un baiser sans moustache…
Les barrières de la passerelle déjà abîmées C’est un comble : à peine terminée, la nouvelle passerelle le long de la RN 134 a déjà été abîmée par le passage des camions. Dans un virage serré où des 38 tonnes se croisent régulièrement, au mépris des règles de la physique (mais pas à celles du Code de la route, allons comprendre…), les barrières en bois affichent de sacrées éraflures et les potelets boisés ont plié sous le poids… lourd. « Il fallait que la barrière s’intègre au paysage, c’était une demande de l’État », justifie Laure Laborde pour le Département. Une réflexion est en cours pour améliorer la sécurité à cet endroit. « Une enveloppe est allouée chaque année pour changer ces potelets s’ils sont endommagés », poursuit-elle. Par ailleurs, Département et État sont en discussion pour savoir à qui devront revenir, à l’avenir, les ennuis inhérents à cette passerelle le cas échéant. Après tout, c’est une portion piétonne de la RN 134…SudOuest