L‘Été métropolitain à la carte : quand le spectacle se déguste dehors et gratuitement

Du 15 juillet au 28 août, la culture s’invite dans la métropole bordelaise avec le festival L’Été métropolitain. Cent dix spectacles gratuits, une quarantaine d’artistes sur 100 sites différents dispersés sur tout le territoire : de quoi trouver son bonheur
Finies les contraintes : plus de portes à franchir, de billets à acheter (pour la grande majorité des spectacles). Le spectateur, c’est la famille qui pique-nique, la voisine sur son balcon, le voisin sur son banc. L’Été métropolitain commence le 15 juillet, et dans l’idée qu’a développée Clotilde Pascaud, cheffe des projets et événements culturels à Bordeaux Métropole, il s’agit d’une métamorphose à double effet : l’espace public se mue en œuvre d’art et le simple passant devient spectateur.
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Le temps d’un spectacle, la ville n’est plus un dédale de rues et de bâtiments mais un lieu de récits à partager. Cette année, 31 propositions artistiques prendront vie dans près de 100 sites différents et cerise sur le gâteau, 92 % des représentations sont gratuites.
1 La comédie vient en mangeant
Compagnie Dérézo
Cette année, une facette particulièrement originale de la programmation réside dans l’alliance de la performance artistique et de l’expérience culinaire. Des compagnies comme Dérézo avec « Le Petit-déjeuner » et « Apérotomanie » ou le collectif OS’O avec « Le Dernier Banquet » proposent des spectacles où le repas n’est pas un simple à-côté mais une partie intégrante de l’œuvre. Un vrai repas avec quatre plats comme autant d’actes durant lesquels un meurtre sera commis. Reste à trouver le meurtrier avec le public. Le « Monologue culinaire » par La Machine à pingouins, lui, livre le Mexique sur un plateau, avec un comédien, une autofiction et une préparation culinaire en fin de spectacle.
2 La rue est une scène quotidienne
A. Jacquelin
L’Été métropolitain transforme aussi les lieux du quotidien en scènes à ciel ouvert. On y verra « Chantier interdit au public » (Hop hop) : une grue de 10 mètres de haut, des régisseuses-bâtisseuses en vêtements de travail et une architecture de bois, de poulies et de cordes qui se construit sous les yeux du public. Ou « Crêpage de chignons » du collectif Suzette et Nora, une comédie amoureuse beurre-sucre. La compagnie Paon dans le ciment fera feu de tout bois pour raconter notre monde en explorant les arts du mime et du geste avec « Hune ».
3 Les hybrides et le mélange des genres
Laurent Rojol
Cette programmation fait la part belle aux formes hybrides et hors les murs. Elle invite le spectateur à être plus qu’un simple observateur. L’« Éloge du déménagement » de Lucie Augeai et de David Gernez de la compagnie Adéquate de Poitiers exploite le potentiel chorégraphique des déménagements, quand « La Maison de chair et d’os » de Camille Duvelleroy et Caroline Melon plonge dans la vie de six personnes qui toutes ont un jour habité dans le lieu où se tient le spectacle, à des époques différentes.
Hybride aussi, mélangeant danse, musique, théâtre et vidéo, « Et Dua Lipa a fait ça », une autofiction drôle et touchante du metteur en scène bordelais Renaud Cojo, qui prolonge son parcours introspectif, par le biais de la star de la pop Dua Lipa, assumant honteusement fossé artistique et générationnel.
Enfin, on ne passe pas à côté de « Ta mère la mieux » ou le battle rap… de compliments. Inverser les codes des joutes verbales urbaines et promouvoir d’autres valeurs que le clash.
4 La danse, entre souvenirs et nature
Pierre Planchenault
Le « So Slow » de la compagnie Des Limbes sera là pour faire frétiller les nostalgiques des boums dans les caves. Dans un lieu en boîte de nuit, le public fait tapisserie autour de la piste. On sait vaguement qu’il s’agit de danser, qu’il faudra en passer par là… Une expérience troublante.
« La Timidité des cimes » par la compagnie Fluo sera dans les arbres, s’écartant les uns des autres pour laisser passer de la lumière. On écoutera aussi le récit d’un homme ordinaire devenu le meilleur danseur de sa région. Il raconte sa vie, de ses 10 à ses 39 ans, une existence rythmée par ses fréquentes visites à « La Plage », une boîte de nuit (« Arthur La Nuit » de la compagnie 3b). Sont prévus aussi « Hello Beautiful Stranger » (compagnie Lalla) ou « Texere » (compagnie Imago).
5 Tour du monde en musique
Mathilde Masson
Le Rocher de Palmer/Musiques de nuit propose une sélection, véritable tour du monde en plusieurs soirées : Hadouk Duo, un duo légendaire de la scène « world-jazz » française ; Chango Spasiuk trio, grand maître argentin de l’accordéon et du chamamé, la musique traditionnelle du nord-est de l’Argentine ; Jawhar duo ou l’univers folk-pop d’un auteur-compositeur-interprète tunisien ; Oriane Lacaille, fille de l’immense musicien réunionnais René Lacaille, qui a hérité de son talent et de son métissage musical. Natascha Rogers Trio, percussionniste et chanteuse, ou Walid Ben Selim, la voix du groupe N3rdistan, qui mêle poésie arabe, électro et trip-hop.
Été métropolitain, du 15 juillet au 28 août. etemetropolitain.bordeaux-metropole.fr.
SudOuest