Location de voiture : faut-il souscrire à l’assurance proposant le rachat de franchise ?
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DÉCRYPTAGE - Entre les assurances proposées par les loueurs et celles incluses dans certaines cartes bancaires premium, les consommateurs doivent peser le pour et le contre. Et ce n’est pas évident.
«Tout est question de la relation au risque, qui est la vôtre», résume Denis Maure, dirigeant de Sepemat, une entreprise familiale de location de voiture, quand on lui demande s’il faut souscrire à l’assurance des loueurs proposant le rachat de franchise.
Car au moment de récupérer une voiture de location, un petit détail donne toujours des sueurs froides : «Il vous faudra juste laisser une empreinte bancaire de 1500 euros s’il vous plaît». Cette empreinte est en réalité la franchise demandée par le loueur. Elle représente la somme qui vous reste à charge en cas «d’accident responsable» ou de «dommages au véhicule».
Son fonctionnement est très simple. En cas de dommage causé au véhicule : si le coût des réparations à effectuer est inférieur à la franchise, vous devrez alors payer la totalité des frais. Mais si le coût des réparations dépasse la franchise, vous ne paierez que le montant de cette dernière, l’assurance du loueur couvrant le reste.
Sauf dans le cas où vous souscrivez à l’assurance «rachat de franchise», proposé par les loueurs en échange d’un supplément journalier sur le prix de la location, atteignant environ 30 euros. Une somme qui peut donc vite alourdir la facture de la location.
C’est là où la fameuse carte Gold peut intervenir, au choix celle de Mastercard ou la Visa Premier, qui proposent de racheter cette fameuse franchise. Pas besoin dans ce cas de souscrire aux assurances des loueurs.
Mais attention ! «Il faut bien regarder les cas d’exclusions dans le contrat des assurances de carte bancaire, qui peuvent être très vicieuses», informe Camille Kuntz, expert automobile indépendant en Corse. Par exemple, la carte Visa premier ne vous couvre pas si vous avez un sinistre avec une voiture de location «à moins de 100 km de votre domicile». Elle est aussi limitée à une location «de 31 jours consécutifs dans la limite de 60 jours par an». Autre exclusion, la carte ne prend pas en charge un certain nombre de modèles de véhicules.
Inconvénient supplémentaire, il ne faut pas être pressé. «Quand vous prenez le rachat de franchise chez un loueur, vous n’avez qu’un interlocuteur et vous n’aurez jamais de frais à avancer», vante Denis Maure. «Alors que l’assurance carte bancaire demande un échange entre eux et nous qui prendra forcément un peu de temps», ajoute-t-il. «Quelques semaines en général», selon les différentes sources interrogées.
«Les négociations entre Visa et les loueurs peuvent prendre un peu de temps», confirme Camille Kuntz. «Mais cela aboutit dans un délai qui reste raisonnable, car pendant ce temps de négociation, la voiture est immobilisée. Cela fait perdre de l’argent au loueur, qui ne peut pas remettre sa voiture sur le marché», explique-t-il.
Dans le cas où vous n’avez pas la carte gold, un choix cornélien est toujours devant vous : souscrire ou ne pas souscrire à l’assurance «rachat de franchise». «Pour choisir, il faut vous demander si vous allez être exposé à un risque important. Allez-vous prendre des routes dangereuses, vous garer dans des parkings peu sécurisés, rouler des milliers de kilomètres ?», expose Camille Kuntz.
Car d’un point de vue financier, même en cas de dommage, l’assurance «rachat de franchise» n’est pas forcément rentable. «Imaginez le cas où vous avez rayé très superficiellement la voiture, un coup de peinture ne peut pas être facturé plus de 100 euros», informe Camille Kuntz. À 30 euros par jour le coût de l’assurance, au bout de quatre jours, vous aurez alors payé plus d’assurance que de frais de réparations réelles. Vous me direz, c’est le principe d’une assurance !
lefigaro