Thierry Ardisson : la folle collection de voitures anciennes d’un homme... qui n’avait pas le permis

Thierry Ardisson a bâti un garage de voitures de collection. L’homme en noir transformait l’automobile en pur objet d’art : ses choix, dictés par la beauté des modèles, racontent une passion décalée, à son image.
Dans l’univers des collectionneurs automobiles, Thierry Ardisson occupait une place à part. Il était unique en son genre. Imaginez un mélomane qui accumulerait des guitares sans savoir en jouer... C’est exactement le cas de l’homme en noir avec l’automobile : ce dernier avait réuni une impressionnante collection de voitures vintage... sans jamais avoir obtenu le permis de conduire.
Loin de considérer cette situation comme un handicap, Ardisson assumait, allant jusqu’à théoriser sa relation particulière à l’automobile avec une métaphore, elle aussi, bien assumée. «J’ai du plaisir à regarder les voitures, c’est comme un couturier homosexuel, il adore les femmes, il leur fait les plus jolies robes du monde, mais n’y touche pas», racontait-il dans l’émission Vintage mécanique (RMC Découverte) en 2022.
Passer la publicitéDans les faits, son refus de conduire trouve ses racines dans un traumatisme de jeunesse survenu à Salon-de-Provence : certains de ses amis proches ont subi de graves accidents de voitures. Sa peur de conduire s’est définitivement cristallisée lors d’une expérience malheureuse avec une Fiat 500 de location. «Je l’ai mise dans le ravin», racontait-il dans la même émission. « Là, j’ai dit stop», ajoutait-il.
Ne pouvant donc évaluer les performances mécaniques, ses choix se basaient exclusivement sur l’apparence. «Quand tu ne conduis pas tu ne peux pas choisir la voiture pour ses qualités moteurs, je l’ai achetée [une Peugeot 404] parce qu’elle était chic, elle était belle», expliquait-il dans la même émission.
En 1996, l’émission Turbo sur M6 lui avait rendu visite dans sa propriété d’Argentan, dans l’Orne. On y découvrait un véritable musée automobile personnel. La star incontestée de cette collection était sa Peugeot 404 Cabriolet, qu’il décrivait avec tendresse. «J’aime les voitures des années 50-60 (...) je trouve [au contraire] que les voitures se ressemblent toutes aujourd’hui».
Mais cette 404 n’était que la partie visible de l’iceberg automobile. Sa collection comprenait également une Renault Colorale, ce grand break 4X4 équipé d’un moteur de Primaquatre. Il possédait aussi une Austin Mini 1000 Countryman des années 60, une Morris 1300 Vanden Plas qu’il surnommait affectueusement sa «Mini Rolls», ainsi qu’une Peugeot 203.
D’autres véhicules complétaient ce garage éclectique : un Toyota RAV4 de première génération, une Audi TT elle aussi de première génération, une BMW Série 2 Active Tourer, et même une Peugeot 206, preuve que son œil esthétique savait aussi déceler la beauté dans la simplicité.
Bref, cette passion automobile révélait un aspect méconnu de la personnalité d’Ardisson : celle d’un esthète assumé, capable d’apprécier la beauté d’un objet, même des plus simple. L’homme en noir nous rappelait avant tout que la voiture pouvait être aussi un objet d’art, une sculpture mobile, en somme : le témoignage d’une époque.
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