Armani inaugure une exposition à Brera. Mode et art, un véritable partenariat : « La rigueur esthétique est aussi éthique. »

24 septembre 2025
Mode et art, une alliance difficile. M. Armani n'aurait jamais eu l'audace d'exposer ses créations à la Pinacothèque de Brera, une galerie qu'il affectionnait, dans le quartier où il avait élu domicile. Mais « la rigueur et l'humilité avec lesquelles il abordait ses chefs-d'œuvre », explique le directeur Angelo Crespi, rendent cette exposition unique, « une exposition qui, je crois, mérite d'être appréciée ». L'exposition « Giorgio Armani : Milan, par amour » ouvre aujourd'hui (jusqu'au 11 janvier), conçue, imaginée et minutieusement planifiée par le grand couturier, décédé le 4 septembre.
Cent vingt créations retracent le style d'Armani, saisissant de contrastes de couleurs et de matières. Des robes intemporelles sont exposées dans les splendides salles, abritant des œuvres qui racontent l'art italien du Moyen Âge au XIXe siècle. Un dialogue inédit se noue dans les chapelles, notamment celle de Luini, qui abrite, parmi les fresques, une robe rouge flamboyante. Et dans l'autre, la chapelle Santa Caterina, au-delà de la grande entrée ornée de vitraux, une splendide robe bleue (« Un défi extraordinaire », déclare Chiara Rostagno, directrice adjointe de la Pinacothèque), sublime la beauté.
Anoushka Borghesi, directrice de la communication du groupe, est ravie : « M. Armani aurait adoré être là… et c'est étrange pour moi d'être juste derrière lui. Mais il serait fier. Même s'il a d'abord semblé sceptique et m'a dit : "Mes vêtements sont des vêtements, certainement pas des œuvres d'art du niveau de chefs-d'œuvre comme ceux de Piero della Francesca." Je lui ai répondu : "M. Armani, nous célébrons 50 ans de créativité, et ils nous ont demandé…" »
« Il m'a confié qu'il ne se sentait pas à la hauteur de s'attaquer aux œuvres de Mantegna ou de Raphaël et qu'il préférait donc interpréter l'atmosphère des salles plutôt que leur contenu », confirme Crespi. On retrouve une certaine similitude dans la salle où se détache en arrière-plan l'immense toile du Sermon de saint Marc à Alexandrie, en Égypte, de Gentile et Giovanni Bellini ; le gris des vestes, à la structure presque géométrique, semble rappeler les turbans ronds et les longs voiles blancs des personnages de l'œuvre. « Il a toujours tenu à ce que le lieu soit respecté », explique Borghesi. Une « rigueur esthétique et éthique », conclut Crespi. Il souhaitait également rappeler un détail historique : « La dernière fois que la mode est entrée à la Pinacothèque, c'était en 1957, à la demande de Fernanda Wittengs. Un processus qui était au point mort. » Jusqu'à hier.
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