ÉCOLE/ Le latin (au collège), un « examen » qui teste le sérieux des enseignants

Dernier épisode sur le latin à l'école. Une approche non obsessionnelle, mais attentive, est nécessaire. Et consciente de l'héritage à transmettre (5).
Mais comment structurer ce travail pour qu'il ne soit pas simplement une charge de travail supplémentaire pour l'école ? C'est là que la capacité des enseignants sera véritablement mesurée, car ils sont appelés à adopter une approche non obsessionnelle et non oppressive, axée sur le partage et la participation.
L'expérience nous apprend que, si les jeunes craignent les difficultés, ils apprécient également de s'engager dans des tâches qui les motivent et les engagent dans des activités qui leur ouvrent de nouveaux horizons et perspectives. Cet aspect a souvent donné lieu à des malentendus désastreux.
Tout d'abord, éliminer les difficultés ne rend pas l'école intéressante. Ensuite, l'idée selon laquelle l'école doit être un plaisir est malheureusement répandue, mais totalement infondée. L'école, en revanche, doit être intéressante ; c'est là le véritable plaisir de l'école : s'attaquer à ce qui passionne et intéresse.
Si dans les premières étapes de l'école primaire, l'école peut avoir des aspects ludiques (en latin, l'école primaire est appelée ludus , « jeu »), au fur et à mesure que l'âge des élèves progresse, le jeu doit devenir de plus en plus complexe.
Et là, nous nous heurtons à un autre malentendu majeur. La lourdeur des cartables et la diversité des matières sont la preuve la plus inquiétante que la quantité a continué d'être confondue avec la complexité. Nous pensions qu'ajouter des matières était un enrichissement, alors qu'un enseignement efficace repose sur quelques matières enseignées avec rigueur, continuité et une communication vivante.

L'initiation au latin doit donc être considérée comme un prolongement logique, presque inévitable, de l'étude de notre langue. Une compréhension progressive des termes fondamentaux du latin, au-delà des aspects grammaticaux spécifiques, constitue un excellent catalyseur de l'attention et, avec la grammaire, constitue la voie de progression vers une conscience toujours plus grande de sa propre capacité expressive.
Sauf que l'impact de ce travail ne sera pas immédiatement visible, mais qu'il sera durable et laissera une profonde empreinte dans l'esprit et l'âme des élèves. La question cruciale est de savoir si cet enseignement sera également important pour les enseignants, ou s'il sera perçu comme un fardeau inutile, un retour rhétorique au passé, une ambition creuse et politiquement inadaptée à notre époque.
Le sentiment de démotivation de nos enseignants, plus encore que de nos élèves, est très fort. Il est donc crucial que nos collègues comprennent que le latin n'est pas étudié pour le parler, mais pour élargir leurs horizons herméneutiques et logiques. Certes, d'autres disciplines ont également une forte valeur pédagogique, mais la spécificité de l'étude de la grammaire italienne et de son extension au latin est une étape essentielle pour renforcer la conscience que, derrière les apparences, se cache une complexité qui, même invisible, existe et influence la réalité.
Le latin n'a pas besoin d'être appris pour être parlé, et pourtant c'est une langue vivante, porteuse d'une civilisation qui, même ignorée, perdure et imprègne chaque recoin de notre être intérieur commun. Le latin est, en réalité, une langue vivante, muette, car elle perdure dans les textes littéraires transmis depuis l'Antiquité et se perpétue en italien, façonnant sa structure et son organisation.
Il ne serait pas surprenant que, même en étudiant l'espagnol, le français, et même l'anglais et l'allemand, il soit possible de découvrir d'incroyables affinités avec une langue qui n'est morte que pour ceux qui ont laissé mourir leur âme dans la croyance insensée que le latin (et plus encore le grec) sont des outils de sélection scolaire.
Certes, ils l’ont été dans le passé, mais à l’ère des technologies disruptives, faire le jeu de ceux qui alimentent la fragilité culturelle pour dominer les autres ne semble ni démocratique ni conforme à la perspective des compétences citoyennes, s’il est vrai que pour être citoyen, il faut avant tout pouvoir s’exprimer, comprendre, penser et converser avec compétence dans sa propre langue.
Peut-être que tout le monde ne comprend pas que le latin parlé sur notre péninsule depuis plus de deux mille ans est en réalité italien. Pour comprendre l'italien et l'accepter comme une expression authentique de son âme, j'en suis absolument convaincu, il est essentiel d'aborder le latin sans préjugés.
Je conclus par une citation du philosophe Sénèque, qui devrait être un talisman pour tout enseignant ( Ad Lucilium , 7.8). L'invitation est de quitter le pupitre et de prendre les élèves par la main. Penser que le retour du latin est une réaffirmation de méthodologies obsolètes se trompe et risque de compromettre une opération dont la valeur culturelle dépasse les aspects idéologiques qui semblent parfois resurgir dans les controverses qui ont caractérisé l'introduction des nouvelles Orientations nationales .
C'est aussi une invitation pour nous, enseignants, à revenir à cette vision maïeutique de la relation éducative qui, ces dernières années, semble s'être perdue au second plan, s'estompant :
" Recede in you ipse quantum potes; cum his pour qui te meliorem facturi sunt, illos admette quos tu potes dore meliores. Mutuo ista fiunt, et homines dum docent discunt ." "Autant que possible, repliez-vous sur vous-même ; associez-vous à ceux qui vous rendront meilleur, invitez ceux que vous pouvez améliorer vous-même. Ces choses se produisent en réciprocité et les hommes apprennent en enseignant."
Ceux qui ne savent pas apprendre pourront difficilement enseigner le latin ; et pas seulement le latin.
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