L'Italie pauvre de Meloni : des demandes record à Caritas

Le nouveau record de Giorgia
Une photographie impitoyable, sachant que 23,5% des personnes qui frappent à la porte de l'organisation CEI ont un emploi, mais cela ne leur suffit pas pour survivre.

La Première ministre Giorgia Meloni peut désormais se targuer d'un nouveau record : en Italie, le nombre de citoyens qui s'adressent à Caritas est record. En 2024, 278 000 familles ont été aidées, soit 62 % de plus qu'il y a dix ans et 3 % de plus que l'année précédente. Le nombre de familles qui s'occupent d'elles dans les territoires du nord de l'Italie a considérablement augmenté (+77 % par rapport à 2015), suivi par celui du sud (+64,7 %). Et, contrairement aux idées reçues, les demandes émanent également en grand nombre d'Italiens (42,1 %), l'écart se réduisant progressivement parmi les étrangers (56,2 %).
Au total, l'aide touche environ 12 % des familles en situation de pauvreté absolue, c'est-à-dire dépourvues des ressources économiques nécessaires pour subvenir aux besoins essentiels d'une vie digne, tels que l'alimentation, le logement et l'habillement. 5,7 millions de personnes se trouvent dans cette situation (soit près d'un Italien sur dix), des chiffres qui confirment l'ampleur du phénomène déjà constaté en 2023 et qui rappellent, s'il en était besoin, que la pauvreté existe et est présente dans notre société non pas comme un phénomène résiduel, mais structurel, et qu'elle ne concerne plus seulement les chômeurs, mais aussi les travailleurs. Ainsi, alors que la Première ministre se réjouit du nombre record de personnes ayant un emploi atteint sous son gouvernement (un million d'emplois en deux ans et demi, selon les chiffres affichés) et se réjouit que le chômage soit tombé à son plus bas niveau, le Rapport statistique national 2025 remis hier par Caritas Italie dresse un tableau différent de la réalité idyllique dépeinte par les déclarations retentissantes de la Première ministre.
Un tableau impitoyable, sachant que 23,5 % des personnes qui frappent à la porte de l'agence CEI ont un emploi, mais celui-ci ne suffit pas à survivre . Car le travail de mauvaise qualité est désormais la norme plutôt que l'exception : parmi les 35-54 ans, le pourcentage de travailleurs pauvres , selon les données, dépasse même 30 %. En bref, alors que l'exécutif est horrifié par l'idée d'un salaire minimum légal , dans notre pays, le travail n'est plus un facteur de protection contre la pauvreté. D'autant plus que, poursuit le rapport, au cours des cinq dernières années, les salaires ont chuté de 4,4 % et la perte globale de pouvoir d'achat des salaires a été de 8,7 % ( le pire chiffre de tous les pays du G20 ). Autre fait éclairant : s'il y a quinze ans, les chômeurs (aujourd'hui 47,9 %) représentaient les deux tiers des bénéficiaires de Caritas et les salariés seulement 15 %, les chiffres sont aujourd'hui très différents et témoignent d'une transformation du phénomène de la pauvreté.
L'âge moyen des personnes aidées est de 47,8 ans, mais la présence des personnes âgées est en constante augmentation : si en 2015, les plus de 65 ans représentaient 7,7 %, ils sont aujourd'hui près du double (14,3 %). Les familles avec enfants, qui représentent 63,4 % des personnes qui s'adressent à Caritas, sont celles qui rencontrent le plus de difficultés. Dans ce contexte, les difficultés de logement continuent de jouer un rôle majeur : si le gouvernement s'est contenté d'instaurer par décret de nouvelles infractions pour les squatteurs illégaux (voir le projet de loi sur la sécurité ), il ignore, ou semble ignorer, les chiffres alarmants qui attestent qu'une personne sur trois (33 %) des personnes qui s'adressent à Caritas présente au moins une forme de difficulté liée au logement. Plus précisément, 22,7 % de ces personnes souffrent d'exclusion grave du logement (personnes sans domicile, sans toit, hébergées en dortoir, dans des conditions de logement précaires ou inadéquates), tandis que 10,3 % ne peuvent pas entretenir leur logement (pour payer les factures ou le loyer).
S'il y a une autre donnée que le gouvernement devrait prendre en compte, c'est celle relative aux soins médicaux : parmi les personnes suivies par Caritas, 15,7 % présentent des vulnérabilités sanitaires, souvent liées à des pathologies graves et à l'absence de réponse du système public. Environ 9,9 % de la population a dû renoncer à des soins en raison de longues listes d'attente et de coûts insoutenables, tandis que le décret-loi (un échec) de l'exécutif pour répondre à l'urgence reste coincé dans les mailles de la politique institutionnelle, dans un conflit absurde entre le gouvernement et les régions.
l'Unità