Troisième trimestre, la leçon d'histoire de la Consulta

Une leçon d'histoire de la Consulta
La Consulta a réitéré que la limite maximale de deux mandats consécutifs est le fondement de la démocratie. Le gouvernement va-t-il désormais également contester la loi du Trentin ?

Bien que largement prévisible, la décision par laquelle la Cour constitutionnelle a déclaré illégitime la loi régionale de Campanie qui aurait permis à l'actuel président De Luca de se présenter une troisième fois mérite une attention particulière : pour le présent mais aussi et surtout pour l'avenir. Il rend justice – espérons-le une fois pour toutes – à l’argument illogique selon lequel, tout comme les parlementaires et les conseillers régionaux, les citoyens ont le droit d’élire les présidents et les maires régionaux autant de fois qu’ils le souhaitent.
Comme s’il n’était pas évident pour tout le monde que ces personnes, compte tenu du pouvoir qu’elles concentrent entre leurs mains, ne peuvent certainement pas être comparées aux membres d’une assemblée législative. Et lorsque ce pouvoir perdure trop longtemps, il risque de se consolider au point de susciter des tentations, comme le démontrent les cas Formigoni et Galan, tous deux présidents de leurs régions respectives pendant trois mandats (1995-2010). Ce n’est pas un hasard si, à un niveau comparatif, dans les démocraties où le pouvoir exécutif suprême est directement élu par les électeurs (comme les présidents de région ou les maires), il existe toujours une interdiction du troisième mandat, parfois absolu ( États-Unis ), parfois consécutif ( France ). Ce n’est pas un hasard si l’abolition de la limite des doubles mandats a toujours été le signal d’alarme qui a signalé l’involution du régime politique vers l’autoritarisme.
C'est ce qui s'est passé : au Venezuela en 2009 pour permettre la réélection de Chavez ; au Nicaragua en 2014 pour réélire Ortega ; en Russie en 2020, où les mandats précédents de Poutine ont été réinitialisés pour lui permettre de rester au pouvoir jusqu'en 2036 ; au Salvador en 2024 en faveur de Bukele ; en Égypte (2019) pour permettre à al-Sisi de rester au pouvoir jusqu’en 2030 et, enfin, en Chine en 2018 pour permettre à Xi Jinping d’effectuer un troisième mandat. Le danger d’une involution autoritaire peut être entrevu dans les intentions de Trump et d’ Erdogan d’abroger, voire de ne pas respecter, l’interdiction constitutionnelle d’un troisième mandat. Comme l'a déclaré la Cour constitutionnelle, l'interdiction du troisième mandat, même si elle est placée au niveau législatif plutôt que constitutionnel, est par nature un principe démocratique fondamental en matière électorale, comme tel obligatoire et, par conséquent, immédiatement applicable à toutes les Régions, même en l'absence de sa mise en œuvre expresse, en particulier dans la région Campanie qui avait approuvé en 2009 sa propre loi électorale sans introduire aucune dérogation.
En fait, il s’agit de contrebalancer le pouvoir politique important que les élus au sommet des exécutifs régionaux ou municipaux reçoivent directement des électeurs. Il s’agit donc d’un « contrepoids réfléchi » qui agit comme un « tempérament de système » avec lequel le législateur de l’État a identifié le point d’équilibre entre l’élection directe de l’exécutif et la concentration conséquente du pouvoir entre les mains d’une seule personne. Cette interdiction trouve son origine, en définitive, dans le principe établi dans l’article premier de notre Constitution selon lequel la souveraineté appartient au peuple mais il doit l’exercer dans les formes et dans les limites qui y sont établies. Il ne s’agit pas – précisent à juste titre les juges constitutionnels – d’une question de structure gouvernementale. Il s’agit d’une question de démocratie car il s’agit d’éviter que le manque de rotation dans la fonction de Président de la Région ne provoque des formes de stratification et de consolidation du système de pouvoir qui finissent par porter atteinte à l’égalité effective des chances entre les candidats, à la liberté de vote des électeurs, à la correcte compétition électorale, au nécessaire renouvellement physiologique de la représentation politique ; en bref, en un seul mot, la démocratie des régions et des collectivités locales.
Si tel est le cas, c'est-à-dire si nous sommes en présence d'un principe fondamental incontournable, le Gouvernement ferait bien d'en tirer les conséquences qui s'imposent, en cohérence d'ailleurs avec son propre projet de réforme de la fonction dite de Premier ministre qui prévoit précisément l'interdiction d'un troisième mandat pour le Premier ministre élu directement par les électeurs. Le gouvernement devrait donc contester la récente loi de la province autonome de Trente qui, en s'appuyant sur une autonomie spéciale, voudrait permettre un troisième mandat. Autonomie spéciale qui ne peut être invoquée au moment d'établir qui peut être candidat (électorat dit passif), comme l'a précisé la Cour constitutionnelle elle-même (60/2023) en censurant la loi électorale sarde qui aurait voulu permettre le troisième mandat des maires de cette région.
Si tel n’était pas le cas, nous retombions dans le soupçon que le gouvernement conteste les lois régionales selon la convenance politique du moment plutôt que pour des raisons de droit, en se basant sur la célèbre devise italienne selon laquelle les lois s’appliquent aux ennemis et s’interprètent pour les amis. En fait – et là De Luca a raison – deux autres Régions ( la Vénétie en 2012 et le Piémont en 2023) ont approuvé des lois régionales qui ont respectivement permis et permettraient au Président de la Région un troisième mandat, sans qu’elles aient été contestées par le Gouvernement de l’époque. Une disparité de traitement évidente et déraisonnable, à laquelle cependant - précise la Cour en conclusion - n'importe qui (en premier lieu un candidat battu par le président sortant de la Région qui se présente pour la troisième fois) pourrait remédier en soulevant la question d'inconstitutionnalité non pas directement (comme peut le faire le Gouvernement) mais accessoirement devant un juge. Un appel qui a toutes les chances d’aboutir, car la loi sur qui peut être élu doit être la même pour tous et sur tout le territoire national.
l'Unità