Les organisations sociales visent à couvrir 20 % du plan de logement d'Illa.

Le plan de logement social de la Generalitat met l'ensemble du secteur immobilier en haleine. Le gouvernement prévoit de doubler le parc actuel de logements sociaux en Catalogne en construisant 50 000 nouveaux appartements sur cinq ans. Alors que les mécanismes de mise en œuvre de ces politiques sont en cours de finalisation, les promoteurs prennent position. C'est le cas des organisations à but non lucratif regroupées au sein de Cohabitac, dont l'objectif est d'accélérer leur production et leur capacité d'achat de logements pour couvrir 20 % du plan promu par le gouvernement de Salvador Illa.
Le marché résidentiel en Catalogne, et plus particulièrement à Barcelone et dans sa région métropolitaine, est soumis à des tensions constantes. L'offre de logements locatifs s'est considérablement réduite ces dernières années, ce qui a entraîné une forte hausse des prix. Bien que le plafonnement des loyers commence à produire ses effets, les prix restent exorbitants. Le plan d'Illa vise à fournir une bouée de sauvetage grâce à une politique publique en cours d'élaboration dans la communauté autonome et, en Espagne en général, au logement social.
Cohabitac souhaite développer 1 000 logements par an et en acheter 1 000 autres par droit de préemption.Les dernières données de l'OCDE montrent que le parc de logements sociaux en Espagne représente à peine 1,1 % du total. Ce chiffre contraste avec la moyenne européenne, qui s'établit à 8 %, et avec la moyenne des économies développées (7,1 %). En tête du classement figurent des pays qui développent un parc de logements sociaux depuis des décennies, comme les Pays-Bas (34,1 %) et l'Autriche (23,6 %).
Cohabitac, présidée par l'économiste Carme Trilla, coordonne 17 fondations qui promeuvent et gèrent le logement locatif social en Catalogne. Actuellement, elle gère directement environ 5 000 logements sociaux dans la communauté autonome, soit près de 10 % du total, ce qui en fait l'un des principaux acteurs du marché. Son directeur, Xavier López, explique que son bilan s'appuie sur plus de 15 000 logements sociaux mis en vente, construits en 20 ans, et 1 600 logements locatifs sociaux promus grâce aux fonds européens Next Generation.
L'organisation promeut une législation pour le secteur auprès du ministère du Logement.Cohabitac prévoit de construire 1 000 logements par an et d'acquérir 1 000 appartements supplémentaires grâce à des droits de préemption. Pour développer ces propriétés, ces entités travaillent généralement dans le cadre d'accords publics avec les administrations, accordant un droit foncier de 75 ans, avec un financement à taux réduit de l'Institut Catalan des Finances (ICF) et des aides publiques.
Le gouvernement de Salvador Illa est entré en fonction avec la détermination de s'attaquer à la crise du logement. La principale mesure proposée est la création d'une réserve publique de terrains, composée de ceux détenus par Incasòl et de ceux apportés par les municipalités, afin de déterminer précisément la disponibilité foncière. Les premières estimations de Territori, Habitatge i Acció Climática indiquent que cette stratégie pourrait conduire à la construction de 20 000 logements sociaux. D'autres mesures visent également à encourager la participation des opérateurs privés. Parmi les plus importantes figurent une ligne de crédit annuelle de 500 millions d'euros de l'ICF (Institut espagnol du logement et de l'urbanisme) et une compensation aux entreprises et aux fondations pour la différence entre le coût de la construction et le rendement locatif.
Le parc de logements sociaux ne représente que 1,1% du total, contre une moyenne européenne de 8%.La Generalitat (gouvernement catalan) n'a pas encore précisé comment elle répartira les terrains publics. Le directeur de Cohabitac espère qu'un appel public spécifique sera lancé pour les organisations à but non lucratif comme celles qui composent son association, ou que des mesures seront mises en place pour les discriminer positivement. « Nos fondations se consacrent à la promotion immobilière. Une fois les prêts hypothécaires des projets terminés, nous affectons l'intégralité des revenus à de nouveaux projets », explique-t-il.
Ces derniers mois, Cohabitac a rencontré la ministre du Logement, Isabel Rodríguez, afin de promouvoir une législation pour ce type d'entités. En Europe, on les appelle logements sociaux , alors qu'ici, on parle de « bailleurs sociaux ». « Nous souhaitons un cadre juridique plus clair, reflétant la spécificité de nos organisations, tant en termes de droits que d'obligations », explique Mme López. Entre autres mesures, Cohabitac envisage de leur accorder une priorité dans l'attribution des aides publiques, d'améliorer la fiscalité et de les exempter du statut de grands propriétaires.
Par ailleurs, la coordinatrice de ces entités estime qu'il est nécessaire que la législation facilite la création de logements à rentabilité limitée. « Pour disposer d'un parc de logements sociaux important, il faut un acteur doté d'une capacité financière significative. Cela permettrait également aux promoteurs de logements sociaux de transférer des actifs et de libérer leurs ressources pour de nouveaux projets », affirme-t-elle.
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