Les tensions sur les prix font grimper les loyers des chambres dans les appartements partagés

Le marché immobilier tendu a entraîné une augmentation des locations de pièces individuelles pour les logements permanents dans les grandes villes et les zones touristiques. Les loyers élevés par rapport aux revenus des familles à faibles revenus, des jeunes et des migrants entraînent la croissance localisée d'un type de logement dépourvu d'informations publiques précises et de réglementations propres. Pour de nombreux citoyens, la seule option pour se loger est la colocation. Les experts commencent à parler de « bidonville vertical » pour certaines situations.
La location de chambres se décline sous quatre formes. La plus courante consiste pour un propriétaire à louer son logement pièce par pièce. La deuxième forme consiste pour un propriétaire habitant sur place à louer une ou plusieurs pièces de l'appartement. La troisième forme consiste pour un propriétaire à louer l'intégralité de son logement à une société qui, avec son accord, sous-loue l'appartement pièce par pièce (ce que l'on appelle dans le jargon immobilier la « location-location »). La quatrième forme consiste pour un propriétaire à louer un appartement et pour le locataire à le sous-louer pièce par pièce, légalement ou illégalement. Des villes comme Madrid et Barcelone proposent ces quatre types de location et connaissent déjà un cinquième cas qui aggrave la précarité : la colocation. Ce type de location est minoritaire, mais il existe sur le marché.
Louer une chambre coûte désormais en moyenne plus de 500 € par mois, selon Fotocasa.Encarnación González est retraitée et n'a pas d'enfants. Elle a vécu à Barcelone avec son compagnon jusqu'à leur séparation. Elle a vendu la maison familiale et s'est installée à Valence pour louer un appartement. Sa pension de retraite étant de 825 euros, elle ne peut pas louer un appartement entier. Elle partage un logement avec trois autres personnes. Ce n'est pas la retraite qu'elle souhaite, mais elle ne peut pas se permettre de louer seule.
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La location de chambre à chambre s'est répandue ces dernières années comme alternative résidentielle, notamment dans les quartiers défavorisés des grandes villes. Avec le resserrement du marché, de plus en plus de logements partagés ont émergé. Les gouvernements ne disposent pas de registres publics sur le nombre de logements loués par plusieurs locataires, ce qui complique l'évaluation de la pénétration de ce modèle.
Les seules données disponibles proviennent des portails immobiliers et ne donnent donc qu'un aperçu de l'offre. En réalité, ce phénomène est en hausse. Idealista estime que le prix moyen d'une chambre en location en Espagne est de 420 € par mois, l'offre de chambres en colocation ayant augmenté de 7 % sur un an à la fin du premier trimestre 2025. Selon le portail, la demande pour ce type de logement progresse de 8 %. Fotocasa tire une conclusion similaire, tout en relevant le prix moyen par chambre à 520 € par mois. « Les locataires n'ont jamais eu à faire face à des coûts aussi élevés », conclut-il.
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Dans les villes, la demande de chambres est forte de la part de locataires qui ne peuvent pas payer le loyer en entier. C'est le cas d'Estrella, une Salvadorienne qui partage une chambre avec ses deux enfants dans le quartier d'Usera à Madrid. Elle affirme ne pas avoir les moyens de payer plus cher. Ils dorment dans la même chambre, les enfants étudient et elle repasse. Le soir, tous les trois regardent la télévision au lit. Ils ont accès à une cuisine commune et à une salle de bain privée. Elle se dit chanceuse, car certains de ses compatriotes doivent même partager la salle de bain. Elle ne connaît pas du tout les autres locataires des autres chambres. Ils sont huit dans trois chambres. Son « propriétaire » leur sous-loue l'appartement qu'il a loué à un tiers.
Pour les propriétaires, les avantages de la location d'appartements sont supérieurs à ceux de la location traditionnelle. « La rentabilité est de 9,3 %, contre 6,1 % pour une location classique », note Fotocasa. Cette option nécessite également moins d'attention qu'une location saisonnière, soulignent les experts. De plus, de plus en plus d'entreprises se spécialisent dans la location d'appartements en colocation. Badi, basée à Barcelone, et Spotahome en sont deux exemples.
La Catalogne, pionnière en matière de régulationEn Espagne, la location de chambres n'est pas spécifiquement réglementée par la loi. Le Congrès des députés n'a pas encore adopté de loi, malgré les pressions répétées du Parti républicain des travailleurs (ERC) sur le gouvernement. L'article 4.3 de la loi sur les baux urbains stipule que « les baux à usage non résidentiel sont régis par la volonté des parties ; à défaut, par les dispositions du titre III de la présente loi et, en outre, par celles du Code civil. » Autrement dit, pour louer une chambre à Madrid ou à Valence, il n'est même pas obligatoire de rédiger un contrat ou un document écrit officiel, bien que cela soit recommandé. Le marché évolue plus vite que le cadre législatif, et cette absence de réglementation piège déjà les locataires à faible pouvoir d'achat. La Catalogne a adopté un décret cette année établissant que la location de chambres sera soumise aux mêmes limites de prix que les locations classiques. « Tous les logements destinés à satisfaire des besoins de logement, quelle que soit leur durée, seront considérés comme des locations permanentes », stipule le texte approuvé par le Parlement. Barcelone est la ville espagnole où les locations de chambres sont les plus chères : 600 euros en moyenne, contre 560 euros à Madrid.
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