Réforme du travail : le gouvernement avance dans son projet, et les tensions avec la CGT s'accentuent sur les privilèges syndicaux.

Le Conseil de Mai se réunira ce lundi pour discuter des changements que le gouvernement de Javier Milei souhaite mettre en œuvre dans le cadre d'une éventuelle réforme du travail . La CGT participe au forum, mais anticipe déjà une résistance à une éventuelle réactivation de points du décret 70, bloqués par les tribunaux, qui affectaient directement les privilèges du syndicalisme. Au sein même du Cabinet, des positions opposées existent.
La réforme du travail est l'une des priorités stratégiques du parti au pouvoir pour le reste de l'année. Le président a déjà annoncé qu'il la développerait après les élections du 26 octobre, mais le gouvernement s'efforce de parvenir à un consensus dès que possible . Dans ce cadre, le Conseil de mai réunit à nouveau des responsables, des chefs d'entreprise et des syndicalistes afin de définir un programme concret.
Parmi les sujets qui préoccupent la CGT figurent la suppression des cotisations de solidarité, la fin de l'ultra-activité dans les conventions collectives et la décentralisation des négociations sociales . Ces propositions, initialement incluses dans le décret 70, ont été suspendues par les tribunaux, mais pourraient revenir à la discussion législative sous de nouvelles formes.
Derrière cette ligne dure se trouve le ministre de la Déréglementation et de la Transformation de l'État, Federico Sturzenegger , auteur du décret 340 qui réglemente le droit de grève. Sa position le place en porte-à-faux avec les secteurs les plus enclins au dialogue du parti au pouvoir, comme Guillermo Francos , chef de cabinet, et le conseiller présidentiel Santiago Caputo , qui entretiennent des contacts réguliers avec certains dirigeants syndicaux.
Le président Milei est convaincu qu'une victoire écrasante aux élections consolidera son plan de réformes structurelles. Dans ce contexte, le Cabinet réfléchit à la manière d'avancer sans rompre complètement le dialogue avec les milieux d'affaires et les syndicats. Certains responsables, comme Luis Caputo et Karina Milei , prônent une approche plus affirmée, tandis que d'autres s'engagent à conclure des accords minimaux afin d'éviter tout conflit ouvert.
Du côté de la CGT, le message est ambigu. Si certains secteurs rejettent toute modification du régime du travail actuel, d'autres, comme celui dirigé par Gerardo Martínez (UOCRA), admettent que certains aspects pourraient être modernisés si les canaux de négociation collective étaient respectés.
L'un des sujets les plus sensibles pour les dirigeants syndicaux est l'avenir des cotisations de solidarité, une source essentielle de financement. Le décret 70 prévoyait que ces cotisations ne soient versées qu'avec le consentement explicite des travailleurs, ce qui a eu pour effet d'affaiblir les fonds syndicaux. Bien que cette clause ait été supprimée de la Loi fondamentale sous la pression de l'opposition, des craintes subsistent quant à son rétablissement.
Martínez a lui-même reconnu qu'il n'existait pas encore de définitions concrètes, mais a averti que le gouvernement était en campagne électorale et que certaines propositions pourraient réapparaître dans le discours électoral. Il a toutefois souligné la volonté de discuter d'un programme de travail s'il s'inscrivait dans un plan donnant la priorité à la production, à l'emploi et à l'investissement.
En pratique, le contenu final de la réforme du travail dépendra du résultat des élections. Les conclusions du Conseil de mai ne seront disponibles qu'en décembre, date de l'entrée en fonction des nouveaux législateurs. Si le parti au pouvoir obtient un soutien massif lors des élections, la voie sera ouverte à la mise en œuvre des réformes qui suscitent actuellement des résistances.
Pendant ce temps, le parti au pouvoir agit avec pragmatisme : il écoute, négocie et maintient fermement son engagement à moderniser un système de travail en retard d’un demi-siècle. Pour l’instant, la CGT joue un double jeu : elle participe au Conseil, mais cherche aussi à se protéger de ce qu’elle perçoit comme une tentative d’affaiblir son pouvoir structurel.
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