Tarif de 30 % : quelles conséquences pour votre portefeuille et pour le pays ?

La menace d'un tarif douanier de 30 % de la part des États-Unis a déclenché une alerte économique au Mexique . Analystes et organisations patronales mettent en garde contre le risque d'une contraction du PIB, d'une dévaluation du peso et d'un coup dévastateur pour les industries exportatrices clés.
L'économie mexicaine est à fleur de peau. La menace du président américain Donald Trump d'imposer un droit de douane général de 30 % sur toutes les importations en provenance du Mexique a sonné l'alarme sur les marchés financiers, les conseils d'entreprises et les groupes de réflexion économiques. Les projections laissent entrevoir un scénario sombre qui pourrait inclure une contraction économique, une volatilité monétaire et de graves répercussions sur les secteurs productifs les plus importants du pays.
La possibilité d'une récession de l'économie mexicaine est l'une des préoccupations les plus sérieuses. Des organisations comme l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et des analystes d'institutions financières comme Banco Base ont averti qu'un tarif douanier de cette ampleur pourrait entraîner une contraction du produit intérieur brut (PIB) du Mexique.
Le mécanisme économique est simple : un tarif douanier de 30 % augmente considérablement le prix des produits mexicains sur le marché américain, principal débouché des exportations mexicaines. Cette hausse entraînerait une baisse de la demande, ce qui forcerait les entreprises mexicaines à réduire leur production, affectant ainsi l’emploi et, par conséquent, ralentissant la croissance économique globale du pays.
Bien que le tarif douanier soit général, certains secteurs sont particulièrement vulnérables en raison de leur volume d’exportation élevé et de leur intégration à l’économie américaine.
C'est peut-être le domaine le plus risqué. Les chaînes d'approvisionnement automobile nord-américaines sont profondément intégrées. Les composants et les véhicules traversent la frontière à plusieurs reprises avant d'atteindre le consommateur final. Un droit de douane perturbateur affecterait non seulement les usines mexicaines, mais aussi celles des États-Unis qui dépendent de pièces détachées mexicaines. Le secrétaire à l'Économie, Marcelo Ebrard, a indiqué que cette mesure pourrait avoir un impact direct sur 12 millions de familles américaines qui consomment des voitures assemblées au Mexique.
Ces matériaux, essentiels aux secteurs de la construction et de la fabrication, ont déjà été soumis à des droits de douane au titre du chapitre 99 du système tarifaire. Une nouvelle taxe de 30 % porterait un coup supplémentaire à un secteur déjà sous pression. La Chambre mexicaine de l'industrie de la construction (CMIC) a exprimé son inquiétude face à la hausse des prix de ces intrants essentiels.
L'agriculture mexicaine, qui exporte des milliards de dollars de produits tels que les avocats, les tomates et les baies, serait également confrontée à une situation critique. Contrairement aux produits manufacturés, les denrées périssables ne peuvent être stockées en attendant la résolution des différends commerciaux, ce qui pourrait entraîner des pertes massives pour les producteurs mexicains.
Historiquement, les menaces de Trump concernant les droits de douane ont déclenché des épisodes de forte volatilité et de dépréciation du peso mexicain. Les marchés financiers réagissent négativement à l'incertitude, et une mesure de cette ampleur exercerait une pression considérable sur le taux de change, entraînant une hausse des prix des biens importés et des pressions inflationnistes.
Au-delà de la réaction immédiate, le principal dommage à long terme est l'érosion de la confiance. L'incertitude entourant les règles commerciales freine les investissements directs étrangers (IDE) et décourage les entreprises de poursuivre leurs projets d'expansion au Mexique. La simple menace, même non pleinement mise à exécution, agit comme une arme économique qui génère de la volatilité et oblige les entreprises à redoubler de prudence, impactant l'économie avant même l'imposition du moindre dollar de droits de douane.
Les principales organisations patronales du pays ont exprimé leur profonde inquiétude. Le Conseil de coordination des entreprises (CCE) et la Confédération patronale de la République mexicaine (COPARMEX) ont lancé un appel urgent à des négociations afin d'éviter un conflit commercial. La gravité de la situation a été mise en évidence lors de la réunion d'urgence tenue entre Francisco Cervantes, président du CCE, et le secrétaire à l'Économie, Marcelo Ebrard, afin de coordonner une stratégie conjointe entre le gouvernement et le secteur privé.
La Verdad Yucatán