« Loi sur l'espionnage » : les clés de la réforme qui autorise la surveillance sans mandat

Le Congrès, avec une majorité Morena, a approuvé une réforme controversée de la sécurité, surnommée la « loi sur l'espionnage », qui permet aux autorités d'accéder aux données privées des citoyens sans décision judiciaire préalable, déclenchant un débat houleux sur la vie privée et l'autoritarisme.
Une profonde controverse politique et sociale a éclaté au Mexique suite à l'approbation d'un ensemble de réformes des lois sur la sécurité et les télécommunications, promues par le parti au pouvoir, Morena. Cette loi, rapidement surnommée « loi sur l'espionnage » par l'opposition et les militants, a suscité des accusations selon lesquelles le gouvernement chercherait à instaurer un système de surveillance de masse et à consolider un modèle autoritaire.
Le cœur de la controverse réside dans le fait que la réforme permet aux autorités, comme le Centre national de renseignement (CNI), d’accéder à des informations privées sur les utilisateurs de téléphones et de services numériques sans nécessiter une décision de justice pour collecter ces données.
Les informations qui peuvent être accessibles incluent :
- Localisation géographique en temps réel.
- Journaux d'appels et de messages.
- Données biométriques (empreintes digitales, reconnaissance faciale) que les utilisateurs fournissent aux entreprises.
- Métadonnées de navigation Internet.
Le gouvernement et ses parlementaires défendent cette réforme comme un outil indispensable à la sécurité nationale. La présidente Claudia Sheinbaum a nié qu'il s'agisse d'une « loi d'espionnage », affirmant qu'il s'agissait d'une « loi de sécurité et de soutien à la population ». L'argument officiel est qu'elle permettra de traquer les criminels qui utilisent des numéros de téléphone anonymes pour commettre des crimes tels que des enlèvements et des extorsions. Ils insistent sur le fait que la surveillance d'une personne spécifique nécessitera toujours une autorisation judiciaire.
De l'autre côté, l'opposition, ainsi que des organisations de défense des droits humains comme Article 19, dénoncent la loi comme une grave menace pour les libertés civiles. Elles affirment que, si un mandat est requis pour utiliser des données contre une personne, la loi autorise la collecte massive et indiscriminée des informations de tous les citoyens, créant ainsi une base de données de surveillance centralisée sans précédent.
« C'est complètement faux... Pour qu'une personne soit géolocalisée, ou que ses réseaux privés soient mis sur écoute, il faut une autorisation judiciaire. » – Ricardo Monreal, coordinateur de Morena à la Chambre des députés.
Cette bataille législative s'annonce comme l'un des premiers tests majeurs pour l'administration du président Sheinbaum. La manière dont son gouvernement gérera les critiques et la peur suscitées par cette loi déterminera en grande partie sa position sur l'équilibre des pouvoirs démocratiques et les droits fondamentaux. Pour ses détracteurs, la « loi sur l'espionnage » et la prétendue « loi sur la censure » confirment une tendance autoritaire qui cherche à consolider le pouvoir par le contrôle et la peur.
La Verdad Yucatán