Que va-t-il advenir des prix de l’essence en Espagne dans un contexte d’escalade du conflit entre l’Iran et les États-Unis ?

Le monde suit de près l'escalade du conflit entre Israël et l'Iran. Mi-juin, Israël a commencé à cibler des sites militaires et nucléaires iraniens, tandis que l'Iran ripostait en tirant des centaines de missiles et de drones.

Puis, le samedi 21 juin, les États-Unis ont lancé une attaque sans précédent contre l’Iran, bombardant trois sites nucléaires dans la nation perse.

Cela risque d'avoir un impact majeur sur l'approvisionnement énergétique mondial. Le Parlement iranien a approuvé une proposition visant à fermer le détroit d'Ormuz en réponse aux attaques américaines.

Le détroit d'Ormuz est un corridor maritime crucial pour l'économie mondiale. D'une largeur de seulement 30 kilomètres, il transporte un cinquième de la production mondiale de pétrole et 30 % du gaz naturel liquéfié, qui alimentent une grande partie de la planète.

L'Iran est le neuvième producteur mondial de pétrole, avec environ 3,3 millions de barils par jour. Il exporte un peu moins de la moitié de cette quantité et consomme le reste.

Les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït et l'Irak dépendent tous de ce détroit pour exporter leurs hydrocarbures. De plus, environ un baril de pétrole brut sur trois dans le monde transite par ce passage, ce qui en fait une voie d'approvisionnement internationale essentielle.

Si l’Iran met sa menace à exécution et bloque le détroit, même partiellement ou brièvement, les prix du pétrole et du gaz pourraient augmenter fortement.

Cela exercerait à son tour une pression financière sur les consommateurs et l'industrie mondiaux. Selon El Economista, cela signifierait une réduction d'environ 15 % du commerce pétrolier.

Depuis le début des attaques, le prix du pétrole a déjà augmenté d'environ 5 %. Ce phénomène n'est pas dû à la fermeture du détroit, mais simplement à la simple menace de fermeture.

Comment l'Espagne serait-elle spécifiquement affectée ? Heureusement, le pays n'importe pas directement de pétrole d'Iran, mais cela ne signifie pas pour autant qu'il échappera aux conséquences.

L'Espagne dépend de fournisseurs de pays comme le Nigeria, les États-Unis, l'Arabie saoudite et le Mexique, dont certains seront affectés par la fermeture du détroit.

Si le détroit d’Ormuz est bloqué, cela entraînera une hausse des prix de l’essence et du diesel en Espagne, ce qui affectera le secteur des transports et générera une pression inflationniste sur l’économie, avec des augmentations de prix généralisées.

L'électricité pourrait également devenir plus chère, compte tenu de la dépendance partielle de l'Espagne au gaz naturel et au pétrole. De fait, l'Espagne, comme tous les pays européens, serait affectée par cette décision.

Selon Ipek Ozkardeskaya, analyste senior chez Swissquote Bank, « Nombreux sont ceux qui restent optimistes quant à la capacité de l'Iran à éviter des représailles généralisées et un chaos régional, afin d'éviter que ses propres installations pétrolières ne deviennent des cibles et d'éviter un conflit qui pourrait nuire à la Chine, son principal client pétrolier. »

Mais « si les choses empirent », le prix du brut américain pourrait même grimper au-delà de 100 dollars (87,10 euros) le baril, a-t-elle ajouté.

Warren Patterson, responsable de la stratégie matières premières chez ING Research, a déclaré à l'agence de presse espagnole Europa Press que ce scénario accroît le risque de blocage des expéditions et affecte les flux de pétrole brut en provenance du golfe Persique. Selon ses projections, une perturbation significative de ces expéditions pourrait faire grimper le prix du baril à 120 dollars (104,49 euros) et, si les restrictions se poursuivent jusqu'à la fin de l'année, dépasser les records historiques atteints en 2008.

Si le prix du baril de pétrole brut monte à 150 dollars (130,64 euros), le prix de l'essence en Espagne pourrait atteindre 2,20 euros par litre, comme ce fut le cas il y a quelques années lorsque le gouvernement espagnol accordait une subvention de 20 centimes par litre au carburant.

Avec un reportage complémentaire de l'AFP.