Une réunion symbolique de l'ONU insuffle une nouvelle vie à l'État palestinien
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« Nous ne pouvons plus attendre », a déclaré le président français Emmanuel Macron lors de la reconnaissance de la Palestine comme État lundi. Macron s'exprimait lors d'une conférence des Nations Unies visant à relancer la solution à deux États, conférence qu'il a co-organisée.
L'ONU le savait déjà en 1947 : le mandat britannique sur la Palestine devait être divisé en un État pour les Palestiniens et un État pour les Juifs. À l'époque, les sionistes célébrèrent la décision de l'ONU comme une victoire, les Palestiniens la virent comme un vol, et le monde arabe fut furieux.
La tentative d'accorder aux Juifs un État sûr et indépendant après l'Holocauste a presque immédiatement dégénéré en guerre. Des décennies plus tard, le conflit reste irrésolu, malgré de multiples guerres, d'innombrables attentats terroristes et d'indicibles souffrances pour les Palestiniens et les Israéliens.
Après quatre-vingts ans, le débat à l'ONU lundi portait à nouveau sur l'avenir de la Palestine, et une fois de plus sur ces deux États. Après quatre-vingts ans, une large majorité des États membres de l'ONU estiment qu'il n'existe toujours pas de meilleure issue au conflit israélo-palestinien que la solution à deux États.
Plusieurs pays occidentaux ont profité de cette réunion pour reconnaître la Palestine comme État. Le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie l'ont fait dimanche. La France, la Belgique et le Luxembourg ont suivi lundi. Au total, dix pays devraient reconnaître l'État palestinien cette semaine. Cela porte à 151 le nombre de membres de l'ONU reconnaissant la Palestine comme État sur les 193 États membres, soit 78 %.
La Quatrième DimensionLa Palestine est un État en proie à une zone d'ombre. Elle peut établir des relations diplomatiques et envoyer des athlètes aux Jeux olympiques, mais ses frontières ne sont pas reconnues. Cette reconnaissance n'aura pas de conséquences concrètes immédiates, mais elle maintient l'idée de deux États et constitue une réponse au siège israélien de Gaza, dont de nombreux pays estiment qu'il faut lever immédiatement.
Le travail politique le plus important avait déjà été accompli bien avant le début de la réunion de l'ONU. Les pays favorables à la solution à deux États avaient déjà rédigé la Déclaration de New York, dans laquelle ils s'engageaient à œuvrer pour mettre fin aux violences à Gaza et à trouver une solution durable. La discussion de lundi a principalement porté sur le symbolisme politique.
La conférence était une initiative de la France et de l'Arabie saoudite. Macron présidait la réunion et, avec son discours, a largement dépassé la limite de cinq minutes accordée aux chefs de gouvernement. Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a finalement décidé qu'il n'était pas utile d'y assister en personne et a envoyé son ministre des Affaires étrangères.
Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a été condamné par les États-Unis pour avoir envoyé un message vidéo. L'administration Trump a refusé d'accorder à la délégation palestinienne un visa pour se rendre à l'ONU cette semaine.
« L'État est un droit », a déclaré le secrétaire général António Guterres, « et non une récompense. » Macron a reçu une ovation debout des diplomates palestiniens lorsqu'il a annoncé cette reconnaissance. « Compte tenu de l'engagement historique de mon pays envers le Moyen-Orient et la paix entre Israéliens et Palestiniens, je déclare aujourd'hui que la France reconnaît l'État palestinien », a déclaré Macron. La France n'ouvrira une ambassade qu'après l'accord de cessez-le-feu et la libération des otages par le Hamas.
Il est important de prêter attention à la cause palestinienneCompte tenu du siège israélien de Gaza, toute attention portée à l'avenir des Palestiniens est cruciale, et les grandes lignes d'un plan pour une solution à deux États sont désormais esquissées. Mais pour l'instant, un État palestinien indépendant est irréalisable. Du moins pas avec le gouvernement actuel de Benjamin Netanyahou, dont l'opposition résolue à cette idée est soutenue par Donald Trump.
Netanyahou a condamné cette reconnaissance, affirmant auparavant que la France et le Royaume-Uni aidaient les terroristes et se retrouvaient du mauvais côté de l'histoire. Des ministres de son cabinet ont rapidement appelé à l'annexion de la Cisjordanie, territoire palestinien. Les Émirats arabes unis ont immédiatement qualifié cette décision de « ligne rouge ». En implantant à répétition des colonies juives dans la zone réservée aux Palestiniens, Israël rend de plus en plus difficile la création d'un futur État palestinien. Cette politique de colonisation a été condamnée lors de la conférence.
Netanyahou souhaite s'entretenir avec le président Trump cette semaine avant de répondre officiellement au message politique de l'ONU. La conférence a été boycottée par Israël et les États-Unis. Trump souhaite également s'entretenir avec les dirigeants des pays arabes cette semaine au sujet des conditions à remplir pour lever le siège israélien de Gaza. Trump s'adressera à l'Assemblée générale des Nations Unies ce mardi.
Les Pays-Bas ne reconnaissent pas (encore) la PalestineLes Pays-Bas n'ont pas reconnu la Palestine, mais ont explicitement soutenu la nouvelle tentative de relancer la solution à deux États. Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, David van Weel (VVD), a déclaré que les Pays-Bas entendaient réserver leur reconnaissance à des discussions ultérieures sur l'avenir de la Palestine, après un cessez-le-feu.
Van Weel, qui s'exprimait au nom des Pays-Bas lors de la conférence, a nié, lorsqu'on lui a demandé, que le fait de ne pas encore reconnaître Israël soit une façon d'épargner Israël.
« Je ne pense pas qu'Israël sera épargné. Et vous avez également vu les réactions virulentes de Jérusalem et de Tel-Aviv : il y a des menaces d'annexion de la Cisjordanie. Nous trouvons cela absolument inacceptable. Je pense que le plus important maintenant, que l'on reconnaisse ou non Israël, c'est de faire pression sur Israël pour qu'il entame des négociations », a-t-il déclaré.
Nous devons envoyer un signal très clair à Israël et au Hamas dès maintenant : nous devons négocier. Nous avons besoin d’un cessez-le-feu. Vous devez vous asseoir à la table des négociations. Les otages doivent être libérés, puis nous devons commencer à travailler sur cette solution à deux États au plus vite.
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