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La CIJ estime que ne pas lutter contre le changement climatique pourrait constituer une violation du droit international

La CIJ estime que ne pas lutter contre le changement climatique pourrait constituer une violation du droit international
Dans une décision historique, la Cour internationale de justice a déclaré que l’inaction face au changement climatique peut constituer un « acte internationalement illicite », ce qui signifie que les pays pourraient faire face à des conséquences juridiques pour avoir porté atteinte à la planète.
Un rassemblement pour le changement climatique
Le ministre du Changement climatique du Vanuatu, Ralph Regenvanu, prononce un discours lors d'un rassemblement en prévision de la session de la Cour internationale de Justice. Photographie : John Thys/Getty Images

Si un pays ne prend pas de mesures décisives pour protéger la planète du changement climatique, il pourrait enfreindre le droit international et être tenu responsable des dommages causés à l'humanité. C'est l'une des conclusions d'un avis consultatif sans précédent rendu par la Cour internationale de Justice (CIJ) sur les obligations juridiques des États face à cette crise environnementale.

Les 15 juges de la CIJ, la plus haute instance judiciaire des Nations Unies, ont qualifié d'« urgente et existentielle » la nécessité de s'attaquer à la menace du changement climatique. À l'unanimité, ils ont conclu que les signataires de divers accords internationaux pourraient violer le droit international s'ils n'adoptaient pas de mesures pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. L'arrêt stipule qu'un « environnement propre, sain et durable » constitue un droit humain. Cette interprétation élève le débat sur le climat au-delà du domaine environnemental ou économique, le positionnant comme une question de justice et de droits fondamentaux.

Ce changement d'orientation pourrait influencer considérablement la législation et les procédures judiciaires internationales futures, facilitant la responsabilisation des pays pollueurs pour les dommages environnementaux qu'ils causent. En juin de cette année, selon le dernier rapport du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment de Londres, on comptait environ 2 967 procès en cours liés au changement climatique dans près de 60 pays, dont plus de 226 nouveaux pour la seule année 2024.

Yuji Iwasawa, président de la CIJ, a précisé qu'il s'agissait d'un avis consultatif et non d'une décision contraignante. Il a toutefois exprimé l'espoir de la Cour que cette décision « éclairera et guidera l'action sociale et politique pour faire face à la crise climatique actuelle ».

L'affaire ayant donné lieu à cet avis remonte à 2019, lorsqu'un groupe d'étudiants du Vanuatu, un État insulaire du Pacifique particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique, a commencé à faire pression pour que l'inaction du gouvernement face à la crise climatique soit légalement reconnue comme un « risque existentiel ». Par la suite, Ralph Regenvanu, ministre du Changement climatique du pays, a déposé une plainte officielle auprès de la CIJ. En 2023, l'Assemblée générale des Nations Unies a officialisé la demande d'avis consultatif de la Cour.

Les juges ont répondu à deux questions clés : quelles sont les obligations des États en vertu du droit international pour protéger le système climatique et l’environnement des émissions de gaz à effet de serre ? Et quelles sont les conséquences juridiques pour les pays qui, par leurs actions ou leur inaction, causent des dommages importants au climat, notamment aux États insulaires vulnérables et aux générations présentes et futures ?

L'analyse du tribunal a pris en compte les dispositions de traités internationaux tels que la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme, l'Accord de Paris, le Protocole de Kyoto et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, entre autres.

L’évaluation de la CIJ a conclu que les États ont le devoir, « en agissant avec la diligence requise et en utilisant tous les moyens à leur disposition », d’empêcher que les activités sous leur juridiction ou leur contrôle n’aient des effets négatifs sur l’environnement.

Le président de la CIJ, Yuji Iwasawa (au centre), rend l'avis consultatif à La Haye le 23 juillet 2025.

Photographie : JOHN THYS/Getty Images

L’avis souligne que la nécessité de « prévenir les dommages transfrontières significatifs en vertu du droit international coutumier constitue une obligation erga omnes », c’est-à-dire une obligation envers l’ensemble de la communauté internationale.

En ce sens, a souligné Iwasawa, la protection de l'environnement est une condition préalable à la garantie des droits humains. Les effets négatifs du changement climatique, a-t-il ajouté, peuvent entraver les droits à l'eau, à la santé, au logement et à la vie de famille.

La Cour a également précisé que ce qui constitue un fait internationalement illicite n’est pas l’émission de gaz à effet de serre en soi, mais le non-respect des obligations, tant conventionnelles que coutumières, visant à protéger le système climatique.

L'avis souligne que les pays qui manquent à ces obligations doivent assumer leurs responsabilités et assumer les conséquences juridiques de leurs actes ou omissions. S'ils sont reconnus coupables de manquement à leurs obligations, ils doivent mettre fin à leurs agissements illicites, garantir qu'ils ne se reproduiront pas si les circonstances l'exigent et accorder une réparation intégrale aux personnes concernées, notamment par le biais de restitutions et d'indemnisations.

« Lorsque plusieurs États sont responsables du même fait internationalement illicite, la responsabilité de chaque État peut être invoquée à l’égard de ce fait », précise l’avis consultatif.

« Ce qui rend cette affaire si importante, c'est qu'elle aborde le passé, le présent et l'avenir de l'action climatique », a déclaré à l'AP Joie Chowdhury, avocate principale au Centre de droit international de l'environnement. « Il ne s'agit pas seulement d'objectifs futurs, mais aussi de responsabilité historique, car nous ne pouvons résoudre la crise climatique sans nous attaquer à ses racines. »

L’avis rendu représente une victoire significative pour les nations insulaires et les mouvements internationaux qui, depuis des décennies, cherchent à établir des mécanismes juridiques pour tenir les principaux émetteurs de gaz à effet de serre responsables des conséquences du changement climatique sur leurs moyens de subsistance, leur bien-être et la survie de leurs écosystèmes.

Cet article a été initialement publié sur WIRED en Español et a été traduit de l'espagnol.

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