Les touristes russes horrifiés par l'Abkhazie. Histoires de ceux qui y étaient à l'été 2025.

Que faire si le budget pour des vacances balnéaires pour deux personnes ne dépasse pas 100 000 roubles ? Il sera difficile de trouver des excursions balnéaires en Russie pour ce prix. Oubliez Sotchi et Guelendjik : elles sont trop chères , il faut beaucoup de temps pour se rendre en Crimée en voiture, la mer d'Azov, peu profonde, est en fleurs en août et au Daghestan, le risque d'infection intestinale est élevé.

Reste l'Abkhazie. Un circuit d'une semaine pour deux personnes peut être organisé pour 75 000 à 85 000 roubles. Ça a l'air tentant ! De plus, tout le monde a entendu parler de la beauté incroyable de la nature et de ses eaux cristallines. Pourquoi pas ? Mais de telles merveilles n'arrivent que dans les contes de fées. « NI » a étudié les problèmes auxquels les voyageurs en Abkhazie seront confrontés en 2025.

L'Abkhazie est devenue plus accessible depuis l'ouverture de l'aéroport de Soukhoumi. La compagnie aérienne iFly dessert Moscou deux fois par jour. Il s'agit de grands avions de ligne A330 pouvant accueillir plus de 250 passagers. Une fois par semaine, le vendredi, la compagnie Ikar assure un vol de Nijni Novgorod à Soukhoumi à bord de petits avions Embraer, et les lundis et samedis, des CRJ-200 de RusLine relient Khanty-Mansiysk.

Les prix sont dans la moyenne actuelle. Un vol aller-retour au départ de Moscou en août 2025 avec bagages coûte environ 39 000 roubles, depuis Nijni Novgorod un peu plus de 36 000 roubles et depuis Khanty-Mansiysk 50 000 roubles. Une autre option consiste à prendre l'avion pour Sotchi (à partir de 28 000 roubles avec bagages au départ de Moscou et retour), puis à rejoindre votre destination.

Pour séjourner à l'hôtel, il faut débourser environ 70 000 roubles par semaine ; c'est cher. De plus, la qualité du service n'est pas garantie, car en Abkhazie, le système de classement des hôtels par étoiles est pratiquement inexistant. Cependant, on y trouve de nombreux appartements, maisons et chambres à louer. Un appartement modeste à Soukhoumi coûte environ 3 500 roubles par jour. Un voyage avec hébergement peut coûter jusqu'à 30 000 roubles. Or, comme chacun l'a récemment appris des responsables abkhazes, les touristes russes mangent exclusivement du « Doshirak ».

Gagra, Soukhoumi, le lac Ritsa, Nouvel Athos : à l'évocation de ces lieux, des images idéales de montagnes couvertes de cyprès, d'une mer turquoise et de bâtiments de style Empire stalinien surgissent. Avec un tel prix, c'est tout simplement idéal.

La nature locale ne laisse vraiment pas indifférent. Mais ensuite, les nuances apparaissent. La voyageuse Renata Mukminova décrit l'Abkhazie dans son blog.

— L'Abkhazie est un pays désolé, avec des routes en mauvais état, des coupures d'eau et d'électricité, des infrastructures défaillantes et un service médiocre. Il faut en tenir compte, sinon les vacances tourneront au cauchemar.

Le développement reste marginal en Abkhazie. Si Gagra abrite encore des cafés modernes, la ville voisine de Pitsunda vous transporte dans le passé, ajoute Renata Mukminova .

— Pitsunda est une station balnéaire voisine et concurrente de Gagra. Elle est peut-être concurrente en termes de mer et de nature, mais ses infrastructures sont nettement inférieures. Pitsunda est une machine à remonter le temps jusqu'à l'URSS, mais c'est là tout son charme. À cause de l'abandon de la station, les touristes laissent des avis négatifs, mais nous avons vraiment apprécié Pitsunda. Pour ceux qui souhaitent se promener en silence dans le parc aux pins reliques et se sentir nostalgiques ou imaginer comment c'était avant, je vous conseille de venir quelques jours. Les pins et les cyprès sont magnifiques, et la mer, où les dauphins s'ébattent non loin du rivage, est d'une limpidité cristalline. Vous serez impressionnés !

Le contraste entre la beauté de la nature et le manque d'infrastructures et de services est la principale caractéristique de l'Abkhazie. Sur le portail Otzovik, 70 % des avis sur les vacances dans la république sont positifs . Attention cependant : la plupart des avis récents sont extrêmement négatifs. Les gens sont habitués à bénéficier de services de qualité non seulement en Turquie, mais aussi dans diverses régions de Russie.

Même si un hôtel ou une maison d'hôtes semble convenable sur les photos, cela ne garantit pas un séjour confortable, préviennent les touristes qui y sont allés.

— D'après les photos, l'hôtel avait l'air très joli et propre. Il est situé dans le village d'Amzara, à quatre minutes de la frontière. Nous avons volontairement évité d'aller plus loin, afin de pouvoir revenir en arrière en cas de problème. MAIS, l'hôtel s'est avéré être une autre arnaque : un bâtiment humide et pourri, et c'était dégoûtant d'aller aux toilettes.

Conduire sa propre voiture sur les routes locales est une attraction particulière en Abkhazie. Vous serez d'abord confronté au style de conduite extrême des habitants, puis probablement à la patrouille routière, notent les touristes.

— Sur le chemin du retour, nous avons été arrêtés par un poste de police et avons reçu une amende pour une infraction inexistante. Mon mari a tenté de réfuter les conclusions des inspecteurs, car il n'y avait aucun piéton en vue dans cet endroit désert au milieu des montagnes. Du coup, on nous a simplement menacés de nous faire retirer notre permis jusqu'au paiement de l'amende, soit de la payer immédiatement (il est clair que l'amende ne sera pas versée à l'adresse indiquée, mais dans notre poche) soit de « négocier ». Je n'avais pas vu une telle impudence depuis longtemps.

En Abkhazie, il faut payer partout et pour tout, mais on ne sait pas toujours à qui et pour quoi exactement. Une visite au célèbre restaurant « Gagripsh » a particulièrement marqué le voyageur et blogueur Alexeï Jiroukhine .

— Nous avons décidé d'aller dans ce restaurant légendaire de Gagra. Enfin, celui que nous avions ramené de Paris. Nous pensions toucher à l'histoire. Nous l'avons touchée. Une addition de 3 500 roubles pour deux. Il s'avère que maintenant, il faut payer pour entrer dans l'histoire. Une caution de 1 500 roubles par personne. Et n'envisagez même pas de vous promener et de prendre des photos ; vous aurez une amende. Oh, et oubliez les cartes. Le paiement par carte est interdit, il faut du liquide. La nourriture ? Normal. Mais j'ai mangé du khachapuri qui était meilleur. Pour 150 roubles. Ce contraste montre clairement à quel point le coût de la nourriture peut être différent en Abkhazie.

En général, il faut être prudent avec la nourriture en Abkhazie. Parfois, le fameux « Doshirak » n'est pas une question d'économie, mais de sécurité. À en juger par les critiques, les vins locaux présentent un risque particulier.

— Les prix ici ne sont pas aussi bas que dans les villes russes, ils sont proches de ceux de Sotchi, mais avec le service d'une décharge municipale ! Le rotavirus est généralement une attraction locale ! Toutes sortes de dégustations de vin, etc., sont une arnaque : on vous laisse goûter une chose, et chez vous, vous goûterez des trucs complètement nuls. Je déconseille également d'acheter aux locaux des bouteilles d'un litre et demi. On y trouve aussi le tableau périodique complet, en général, ça vous fera très mal à la tête !

Si la nature est votre priorité, que vous savez vous détacher du monde qui vous entoure et que vous n'avez pas peur de cuisiner vous-même pendant vos vacances, l'Abkhazie est faite pour vous. Les nostalgiques du passé soviétique et de l'anarchie des années 90 s'y plairont également. Les autres risquent de rentrer chez eux déçus.