Les républicains de la Chambre des représentants sont sur le point de porter un coup dur aux travailleurs que Trump a juré de protéger.

Tout d'abord, ne croyez pas un mot de ce que l'on dit à ce sujet. Extrait de la tribune du sénateur Josh Hawley dans le New York Times :

M. Trump a promis des baisses d'impôts pour la classe ouvrière et une protection de ses assurances sociales, comme Medicaid. Mais aujourd'hui, un groupe bruyant de républicains corporatistes – appelons-le l'aile Wall Street du parti – exhorte le Congrès à ignorer tout cela et à revenir à la religion d'antan : cadeaux aux entreprises, préférences pour le capital et coupes sombres dans les assurances sociales. Cette aile du parti souhaite que les républicains construisent notre grand et beau projet de loi autour de la réduction drastique de l'assurance maladie pour les travailleurs pauvres. Or, cet argument est à la fois moralement erroné et politiquement suicidaire.

Il n'existe pas de véritable courant « anti-entreprises » significatif au sein du Parti républicain, même si les intellectuels de Washington veulent le croire. Même si c'était le cas, le sénateur Sprint n'en ferait pas partie.

Lundi, la majorité républicaine à la Chambre des représentants a enfin présenté le grand et beau projet de loi qu'elle a élaboré en hommage à son président. (Une petite recherche leur aurait permis de comprendre qu'il suffisait de lui acheter un avion de luxe.) Ce projet prévoit des coupes drastiques dans Medicaid qui – et Hawley avait raison sur ce point – constituent un poison politique, en plus d'être cruelles envers les citoyens les plus pauvres, ce qui n'avait jamais posé de problème aux Républicains auparavant. Cependant, ce ne sont pas les milieux underground de Wall Street qui s'en prennent à ces coupes. Ce sont les coreligionnaires de Hawley au sein du groupe parlementaire pour la liberté qui le font, et ils sont furieux que les coupes ne soient pas plus sévères. Également de Politico :

Une pression féroce s'exerce désormais sur les hôpitaux et les cliniques pour que les coupes dans le programme Medicaid qui ont survécu soient maintenues, tandis que les conservateurs les plus radicaux menacent de retenir leur vote s'ils n'obtiennent pas de réductions plus importantes du programme de sécurité sociale.

Quel que soit le « compromis » qui émergera du chaos actuel, il portera sur la question de savoir dans quelle mesure il faut réduire les dépenses et combien de pauvres et de travailleurs il faut appauvrir.

Le chemin s'annonce semé d'embûches pour la commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des représentants, qui se prépare à une réunion marathon mardi après-midi pour faire avancer le projet de loi. La proposition dévoilée par son président, Brett Guthrie (R-Ky.), ne réduirait pas les taux de remboursement fédéraux dans la plupart des cas, ni n'imposerait de plafonds par habitant aux paiements aux États, mais elle obligerait probablement les États à revoir leur mode de financement ou à réduire leurs prestations. Une estimation préliminaire du Congressional Budget Office, demandée par les Démocrates, a révélé que plus de 8,6 millions de personnes se retrouveraient sans assurance si les volets santé du programme de réforme du Parti républicain étaient adoptés.

Une fois la commission saisie, le projet de loi sera confronté à un tourbillon de menaces à la Chambre des représentants, où l'opposition de trois membres républicains, quel qu'il soit, pourrait faire échouer l'ensemble du vaste programme de réductions d'impôts, de renforcement de la sécurité aux frontières, de renforcement des crédits de défense, etc. Un leader clé du bloc d'extrême droite, le représentant Chip Roy (R-Texas), a déclaré lundi sur les réseaux sociaux que la proposition de Guthrie n'apportait « AUCUN changement transformateur » à Medicaid, « parmi de nombreux autres problèmes. Nous aurons besoin de changements supplémentaires IMPORTANTS pour obtenir mon soutien », a ajouté M. Roy.

Pendant ce temps, les acteurs en première ligne se mobilisent également. Les organisations hospitalières ont réussi à modérer (légèrement) la sévérité des coupes budgétaires (pour le moment), mais elles restent en alerte alors que le débat se poursuit au sein du parti républicain.

« Les républicains du Congrès et le président Trump se sont engagés à juste titre à protéger les prestations et la couverture Medicaid ; ce projet de loi échoue à ce test », a déclaré Chip Kahn, président de la Fédération des hôpitaux américains, dans un communiqué. « Il est impératif que les républicains reprennent leurs travaux ; trop de vies en dépendent. » « Le Congrès a l'obligation morale de prendre en compte les conséquences néfastes que de telles coupes budgétaires désastreuses auraient sur le système de santé américain », a ajouté sœur Mary Haddad, directrice générale de l'Association catholique de la santé.

La Greater New York Hospital Association a également critiqué le projet de loi, arguant dans un communiqué que les exigences professionnelles pourraient entraîner la perte de couverture médicale pour 1,6 million de personnes dans l'État. L'association prévoit également que New York perdrait 1,6 milliard de dollars de fonds fédéraux suite à la réduction du financement de l'extension de la couverture médicale pour les immigrants sans papiers. New York est l'un des 14 États qui utilisent des fonds publics pour couvrir les enfants sans papiers.

Il fallait savoir que les mineurs sans papiers allaient finir par être mêlés à la situation. C'est la nouvelle pierre philosophale de l'alchimie politique républicaine. Elle transforme le métal vil en or vil.