Questions-réponses : un auteur de science-fiction londonien remporte le prix Nebula pour son roman d'opéra spatial

Un auteur de science-fiction londonien vient de remporter un prestigieux prix Nebula.
AD Sui a reçu le prix de la meilleure nouvelle lors de la 60e édition annuelle des Nebula Awards pour son livre, The Dragonfly Gambit.
The Dragonfly Gambit est un opéra spatial dont les thèmes sont la romance, la trahison et le handicap, et les prix sont votés par les membres de la Science Fiction and Fantasy Writers Association (SFWA).
Sui est une auteure de science-fiction queer et handicapée d'origine ukrainienne. Elle publie prochainement un livre intitulé The Iron Garden Sutra . Elle s'est entretenue avec Josiah Sinanan, de la CBC, dans l'émission Afternoon Drive.
L'interview suivante a été éditée pour plus de clarté et de longueur.
Josiah Sinanan : Félicitations pour ce prix. Quel effet cela fait-il de recevoir le prix Nebula de la meilleure nouvelle ?
AD Sui : Merci beaucoup. Franchement, c'était un choc. Être nominée pour le Nebula était super excitante. Et puis, gagner, je n'y avais jamais pensé. Je ne regardais pas la cérémonie parce que je me demandais : « Oh, vous savez, quelles sont les chances ? » En fait, c'est ma mère qui m'a envoyé la capture d'écran de l'annonce de ma nouvelle gagnante, et la première chose que je lui ai demandée a été : « Est-ce que c'est généré par l'IA ? » Ça ne peut pas être réel. C'est une énorme surprise.
JS : Parlez-nous un peu du Dragonfly Gambit.
AS : Le Gambit de la Libellule est une nouvelle, donc un livre plus court, moins de 4 000 mots, qui se lit en une soirée. Il raconte l'histoire d'un pilote militaire qui, après une blessure qui a mis fin à sa carrière, revient dans la flotte, mais qui revient maintenant pour détruire la flotte entière et l'empire tout entier.
JS : Qu'est-ce qui vous a inspiré ce livre ? D'où vous est venue cette idée ?
AS : Je suis fasciné par la science-fiction depuis mon enfance. J'aime raconter qu'à l'époque où ma famille vivait en Ukraine, mon coin nuit était séparé par des étagères, et nous y trouvions tous ces classiques de la science-fiction. Je lisais les noms de famille en m'endormant, et c'était mon rituel du coucher. J'ai donc grandi avec la science-fiction et j'ai toujours voulu en écrire, mais les étoiles ne se sont jamais vraiment alignées avant la trentaine.
Et voilà le résultat. De la science-fiction très classique, inspirée du space opera, mais revisitée pour être plus inclusive et féministe. C'est le reflet du climat actuel.
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JS : Vous êtes né en Ukraine, comme vous l'avez mentionné. Comment êtes-vous arrivé à Londres ?
AS : Ma famille est arrivée au Canada il y a un certain temps et j'ai passé la majeure partie de ma vie à Toronto. J'ai finalement terminé mes études supérieures à Londres, obtenu ma maîtrise, mon doctorat, puis je suis parti sur la côte Ouest pour mon postdoctorat, puis je suis revenu à Londres, car c'est une ville de taille idéale et avec de nombreux quartiers historiques. J'adore les maisons centenaires, ce qui m'a un peu attiré à Londres.
JS : J’aimerais vous lire une critique de votre nouvelle, écrite par Kate Elliott, une autre auteure. Elle dit que ce livre « est un coup de poing en pleine face et explore sans relâche l’amour de ce qu’on déteste le plus, même quand il faut le détruire ». J’ai trouvé cela vraiment captivant. Êtes-vous d’accord avec cette critique ?
AS : Je trouve que Kate a vraiment bien joué. C'est très percutant, et il y a beaucoup d'émotions fortes tout au long du roman. Nous ne voulons rien gâcher au cas où les gens iraient le lire, mais notre protagoniste éprouve beaucoup d'émotions contradictoires à propos de l'institution dont elle faisait partie, mais aussi à propos des personnes qu'elle a rencontrées, qu'elle considérait comme ses amis et avec lesquelles elle entretient désormais une relation différente.

JS : En tant qu'auteur de science-fiction, ressentez-vous cela comme une forme d'évasion ? À quoi pensez-vous lorsque vous créez ces univers ? Qu'est-ce qui vous plaît dans tout cela ?
AS : Je pense que c'est une forme d'évasion, mais pas forcément une évasion confortable. J'aime comparer cela à la visualisation et au sport. C'est un peu comme un exercice mental. On se met à la place d'un personnage qui traverse des épreuves vraiment très difficiles, on le regarde les traverser et on le voit s'en sortir ou non. Cela nous rappelle que, peut-être, en tant que petit gars, on peut aussi affronter des épreuves vraiment difficiles et les combattre.
J'aime devenir quelqu'un d'autre. Et j'aime écrire avec cette perspective très différente.
JS : Vous avez écrit un autre livre depuis la sortie de Dragonfly Gambit. Le Sutra du Jardin de Fer paraîtra l'année prochaine. Parlez-nous-en.
AS : Oui, j'ai vraiment hâte de lire le Sûtra du Jardin de Fer. Ce sera un roman complet, donc il sera assez dense.
Ce livre raconte l'histoire d'un moine et d'un groupe de scientifiques qui se rendent à bord d'un vaisseau générationnel disparu depuis longtemps. Ce vaisseau flotte dans l'espace depuis des millénaires. Ils montent à bord pour l'explorer et finissent par affronter une créature inattendue.
JS : J'adore. C'est un super petit aperçu. Eh bien, Anna, je suis curieuse : tu as remporté ce prix Nebula. Ton premier livre complet va bientôt sortir. Quelle est la suite de ta carrière d'écrivain ?
AS : Ce qui est génial avec l'écriture, c'est que chaque jour est très excitant, car je peux m'asseoir et écrire, et c'est de loin ce que je préfère dans mon travail. Mon deuxième plaisir, c'est l'écriture ; j'ai pu rencontrer tant d'autres écrivains canadiens et américains, originaires du Sud et du monde entier. J'espère que ce sera encore plus le cas.
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