Des groupes sikhs affirment qu'Ottawa ne devrait pas inviter le Premier ministre indien Modi au sommet du G7

Les organisations sikhs appellent Ottawa à rompre avec une tradition vieille de cinq ans en n’invitant pas le Premier ministre indien Narendra Modi au sommet du G7.
Le Canada accueillera le mois prochain le sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, en Alberta. Les dirigeants de ces pays devraient y assister : la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie, le Japon, les États-Unis, ainsi que le président de la Commission européenne.
Mais Ottawa est resté muet sur les dirigeants qu’il a invités en dehors de ce groupe central de démocraties libérales partageant les mêmes idées.
Le haut-commissariat sud-africain a déclaré à La Presse canadienne que le Canada avait invité le président Cyril Ramaphosa à assister au sommet. M. Ramaphosa, qui accueillera le sommet du G20 en novembre à Johannesburg, n'a pas confirmé sa présence.
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a déclaré le 4 mai que le Canada l'avait invité au sommet et qu'il y assisterait. Le Canada a également invité le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy à y assister, et ce dernier a confirmé cette semaine sa présence.
Modi a été invité à chaque sommet des dirigeants du G7 depuis 2019, et le Canada et l'Inde ont récemment signalé un possible dégel des relations après des mois de tensions.
Mais la Fédération sikh basée à Toronto a déclaré cette semaine que le Canada devrait retenir toute invitation « jusqu'à ce que l'Inde coopère substantiellement aux enquêtes criminelles au Canada ».
Ils soulignent l’allégation du Canada selon laquelle New Delhi aurait joué un rôle dans l’assassinat d’un militant sikh près de Vancouver en 2023, et dans de nombreux autres crimes violents.
La Fédération Sikh et l’Organisation Sikh Mondiale ont exprimé leurs inquiétudes quant à la volonté des libéraux fédéraux de renforcer leurs liens avec l’Inde.
La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a déclaré récemment avoir eu une « discussion productive » avec son homologue indien le 25 mai sur « l'approfondissement de notre coopération économique et la promotion de priorités communes ».
Les groupes sikhs estiment que cela suggère que le gouvernement fédéral place les préoccupations économiques avant les droits de l’homme.
Les libéraux ont initialement fait de l’Inde le centre de leur stratégie indo-pacifique fin 2022, décrivant le pays comme une nation démocratique dotée d’un fort potentiel commercial.
Tout a changé après l’assassinat, en juin 2023, du militant sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique.
Des mois plus tard, le gouvernement a accusé l'Inde d'être impliquée dans sa mort. La GRC affirme détenir des preuves que New Delhi est à l'origine de nombreux crimes visant des Canadiens sikhs.
L'Inde affirme que le Canada soutient un mouvement séparatiste qui réclame la création d'un territoire sikh – le Khalistan – à partir de l'Inde, et qualifie cela de violation de sa souveraineté. Ottawa soutient depuis longtemps qu'il autorise la liberté d'expression qui n'appelle pas à la violence.
Le Premier ministre Mark Carney a déclaré durant la campagne électorale vouloir développer les échanges commerciaux avec l'Inde. Il a affirmé que l'Inde pourrait jouer un rôle clé dans la fin des guerres commerciales si elle faisait preuve de « respect mutuel » face aux « tensions dans cette relation que nous n'avons pas provoquées ».
Le haut-commissariat de l'Inde a transmis une demande d'interview sur les relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères du pays à New Delhi.
Affaires mondiales Canada n'a pas encore dévoilé les noms de tous les dirigeants invités par Ottawa au sommet du G7 le mois prochain. La porte-parole du Ministère, Camie Lamarche, a indiqué que les noms seraient communiqués en temps opportun.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a déclaré cette semaine que le Canada l'avait invitée près de deux semaines auparavant, mais qu'elle n'avait pas encore décidé si elle y assisterait.
Depuis les élections fédérales du 28 avril, le bureau de Carney a publié des comptes rendus de discussions avec ses homologues des pays du G7, ainsi qu'avec l'Australie, l'Ukraine, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Danemark, l'Espagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Norvège et la Jordanie.
Ces dernières années, les pays hôtes du G7 ont invité au moins quatre invités. Le Canada en avait invité une douzaine lors de son dernier sommet en 2018, dont Haïti, les Seychelles, la Norvège et l'Argentine.
cbc.ca