Sheinbaum va poursuivre l'avocat d'Ovidio : « Il n'y a pas de dialogue avec les trafiquants de drogue. »

Dans une offensive politique musclée, la présidente Claudia Sheinbaum a annoncé qu'elle porterait plainte en diffamation contre l'avocat d'Ovidio Guzmán. « Je porterai plainte… on ne dialogue pas avec l'avocat d'un trafiquant de drogue », a-t-elle déclaré, cherchant à reprendre le contrôle du récit et à invoquer la souveraineté nationale.
La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a lancé une offensive juridique et politique sans précédent en annonçant avoir chargé le Conseiller juridique de la présidence d'engager des poursuites en diffamation contre l'avocat d'Ovidio Guzmán, fils de Joaquín « El Chapo » Guzmán. Cette décision, communiquée par la formule lapidaire : « Je porterai plainte… on ne dialogue pas avec l'avocat d'un narcotrafiquant », marque un tournant dans la manière dont son administration traitera les accusations l'associant au crime organisé.
Cette action n’est pas simplement une réponse juridique à la calomnie ; c’est une stratégie politique calculée visant à neutraliser l’une des attaques les plus toxiques de l’écosystème politique mexicain : l’accusation de « narcopolitique ».
Plutôt que d'adopter une posture défensive ou d'ignorer les accusations, la présidente a opté pour une contre-attaque agressive. Cette stratégie vise à modifier fondamentalement la question du débat public. Il ne s'agit plus de savoir si le gouvernement est lié au trafic de drogue, mais plutôt de savoir pourquoi l'opposition recourt à la diffamation. Il s'agit d'un coup de force visant à arracher le contrôle du récit à ses adversaires et à se positionner en victime de calomnies qui ne tolérera aucune atteinte à son intégrité ni à celle de son gouvernement.
En judiciarisant le conflit, Sheinbaum exige que toute accusation de ce type soit prouvée devant un tribunal, augmentant ainsi le coût de la diffamation et décourageant les futures campagnes de diffamation basées sur des rumeurs ou des insinuations.
Ce qui fait de cette décision, qui n'est plus une simple légitime défense, une déclaration de principes de politique étrangère, c'est le lien inattendu établi par la présidente elle-même avec une affaire emblématique de la souveraineté nationale. Sheinbaum a déclaré que la procédure judiciaire servirait également à « clarifier le cas du général Cienfuegos, qu'elle considère comme innocent ».
« Le processus servira également à clarifier le cas du général Cienfuegos, qu'elle considère innocent. » – Déclaration attribuée à la présidente Claudia Sheinbaum.
Cette référence n'est pas fortuite. Le cas du général Salvador Cienfuegos, ancien secrétaire à la Défense détenu aux États-Unis puis rapatrié au Mexique après d'intenses pressions diplomatiques, est un puissant symbole du nationalisme mexicain et de la perception d'abus de pouvoir du système judiciaire américain.
En liant son action en justice personnelle à l'affaire de Cienfuegos, la Présidente tisse un récit bien plus vaste et percutant. L'argument implicite est le suivant : « De même que la justice américaine a commis une erreur en attaquant injustement un pilier de nos forces armées, un avocat de ce même écosystème juridique est désormais utilisé pour m'attaquer en diffamation. »
Cette pièce cherche à :
- Intensifier le conflit : transformer un conflit personnel en une question de souveraineté et de dignité nationales.
- Polarisez le public : faites appel au sentiment nationaliste de votre base de soutien et présentez vos critiques comme des pions d’intérêts étrangers.
- Générer un débat intense : mentionner Cienfuegos garantit que l’histoire domine les cycles d’information et génère une discussion animée sur les réseaux sociaux, détournant l’attention de l’accusation initiale.
Le procès intenté par Sheinbaum représente donc un enjeu politique majeur. Elle cherche non seulement à laver son honneur, mais aussi à établir les règles du jeu pour le reste de son mandat de six ans : toute attaque frisant la « narcopolitique » sera réprimée non par une défense, mais par une offensive tous azimuts qui invoquera la fierté nationale et la souveraineté.
La Verdad Yucatán