"Le jour où je ne kifferai plus, j’arrêterai": on a rencontré le trompettiste Daoud, révélation du premier soir du Nice Jazz Fest

Souvent, quand on fait les choses sérieusement sans se prendre trop au sérieux, c’est encore mieux. Avant sa toute première fois au Nice Jazz Fest, jeudi en ouverture au Théâtre de Verdure, Daoud ne semblait pas trop se faire de mauvais sang.
Après avoir fait ses réglages en fin d’après-midi, le trompettiste tombait dans les bras de la chanteuse China Moses, qui lui demandait s’il était chaud pour venir jouer un morceau pendant son set. Banco. Malgré son pin’s ironique I Don’t Work Here ("Je ne travaille pas ici", pour ceux qui auraient séché les cours d’anglais) accroché sur son marcel, le trompettiste a accepté le job, sans hésiter.
"Le jour où je ne kifferai plus, j’arrêterai"Tard dans la nuit, le duo remettra même ça lors d’une jam-session. "Le jour où je ne kifferai plus, j’arrêterai. Je l’ai déjà fait. Dans ma communication, il y a une part de nonchalance, c’est sûr. Mais la musique, c’est sérieux, c’est ma vie", appuie-t-il.
En ce moment, tout roule pour Daoud. Le magazine Jazz News l’a mis en couverture de son dernier numéro, les dates s’enchaînent et son nouvel album, ok, arrivera le 29 août.
"Les gens commencent à céder", se marre l’artiste originaire de Vandoeuvre, en Lorraine, derrière sa barbe fournie. "J’ai concentré toute mon énergie sur un seul projet [son premier album, Good boy, ndlr], pendant quatre ans. Quand on croise des artistes qui sont déjà arrivés à un certain niveau de reconnaissance, on se rend compte que notre impression de les voir arriver du jour au lendemain est fausse. Avant ça, il y a huit-dix ans à bouffer de la merde", estime le souffleur.
L’âme d’un clownEt pour lui alors, d’où est venu le déclic? "Ma chance, c’est que le public a répondu. Quand c’est comme ça, même ceux qui n’ont pas envie de t’aimer sont obligés de t’appeler", ironise-t-il.
Sur scène, c’est un peu la même limonade. Daoud prend un malin plaisir à chambouler son auditoire, en déambulant l’air hagard ou possédé, en s’aventurant dans toutes les directions qui lui semblent excitantes, entre jazz, hip-hop et musiques électroniques. Il ne se prive pas non plus d’expédier des vannes, comme un stand-upper au bord du précipice. "J’aime voir jusqu’où je peux emmener le public dans la gêne, sans qu’il me déteste", glisse Daoud.
"La trompette, aujourd’hui encore, ça reste une excuse pour faire des conneries. J’étais obsédé par les clowns quand j’étais gamin. J’ai dû en voir un qui en jouait un jour et j’ai voulu l’imiter. Et puis je suis super bavard. C’est horrible, mais je préfère ça à un show hyper produit, hyper scénographié."
Nice Matin