Au musée Picasso, les matières vibrantes d’Anna Maria Maiolino

Elle s’empare de tout, papier, argile, plâtre, bois, encre de chine, métal. Et partout l’on sent la présence de son corps, la pression de ses doigts sur l’argile ou le papier déchiré. «Je suis là. Estou aqui.» est le titre bien trouvé de l’expo que le musée Picasso consacre à Anna Maria Maiolino dans le cadre de l’année Brésil-France, première rétrospective française dédiée à la Brésilienne de 83 ans, Lion d’or à Venise en 2024, qui dans tous les recoins du rez-de-chaussée de l’hôtel Salé manifeste sa vivacité, son envie d’en découdre encore avec la matière.
Oui, elle est bien là, elle n’a pas terminé. Salle après salle se dévoilent dessins, sculptures, vidéos, photographies, jusqu’au jardin dont un arbre accueille les modelages ronds et grisâtres accrochés en hauteur comme des fruits étranges. Une œuvre riche et comme animée d’un mouvement synchrone d’avancée et de retour sur soi. Les formes et les lignes se baladent à travers les époques (l’accrochage n’est pas chronologique), constamment redessinées, réinventées, malaxées, donnant l’impression de n’être jamais totalement terminées mais in-finies.
Malgré la beauté simple de l’accrochage, l’on pourrait avoir surgi dans son studio, levé un coin de voile sur un processus en train de se faire. Ces serpentins d’argile, Em dois, de la série «Objeto Escultórico» (1999), ne les a-t-on pas déjà vus sur ces dessins trouvés dans son atelier et rassemblés ici en une œuvre totale, Tempête d’idées ? Et ces points de suspensi
Libération