« Certains l’aiment chauve » : Kev Adams et Michaël Youn à un cheveu du dérapage… Mais très poilants

C’est à un sujet douloureux pour la gent masculine que s’attaquent Kev Adams et Michaël Youn dans « Certains l’aiment chauve » de Camille Delamarre : la calvitie. Comme on pouvait s’y attendre, le duo prend le parti de la grosse farce plutôt que du drame sociétal. Les deux acteurs, dotés dans la vraie vie de tignasses luxuriantes, incarnent des rôles de composition.
Le premier est Zacharie, un trentenaire très amoureux de sa copine, Romy, au point de la demander en mariage. Mais la belle refuse. Le motif ? Elle sent poindre sur le crâne de son chéri un désastre qu’elle ne supportera pas… La calvitie, donc.
Désormais célibataire et dévasté, Zac va consulter une dermatologue (campée par une Chantal Ladesou qui en fait des tonnes). Celle-ci lui présage le pire : dans six mois, le jeune homme n’aura plus un poil sur le caillou. Sur les conseils de sa mère, Zac reprend contact avec son tonton Joseph (Michaël Youn), très calé sur la pilosité.
Après avoir connu la gloire avec sa toison noire et son groupe de metal baptisé « les Mégaveuch » (« les méga-cheveux », en verlan), Joseph a vu apparaître sur son sommet une tonsure façon « Chaussée aux Moines ». Il a tenté les greffes de cheveux en Turquie, en Tunisie et en Moldavie, les sprays en tous genres et même les applications de caca d’oie sur la tête. Joseph supplie alors Zac de le rejoindre dans sa « résistance capillaire ». Au même moment, la jolie Lison débarque dans la vie du trentenaire et lui assure qu’elle l’aime tel qu’il est…
Le scénario de « Certains l’aiment chauve » semble un peu bricolé et on passe parfois d’une scène à une autre de façon abrupte. Mais on s’amuse beaucoup avec ces deux hommes déboussolés, dont la confiance en eux ne tient qu’à quelques fils (sur la tête). Michaël Youn surjoue totalement le tonton aux jeux de mots foireux (« Je suis ton parten’hair », « No peigne no game »…) et fait le show – et le chauve – avec une énergie réjouissante.
Quant à Kev Adams, il est à la fois touchant lorsqu’il se confie dans le groupe de parole « Comment mieux vivre sa calvitie » et hilarant, avec ses mimiques outrées et son sens du rythme ultra-efficace. On se serait passé du message un peu mièvre sur la nécessité de s’accepter comme on est (les plus dégarnis apprécieront peut-être ?), mais l’histoire d’amour est charmante et la comédienne Faustine Koziel (qui campe Lison) irrésistible.
Ce qu’on préfère dans cette comédie, ce sont les scènes à un cheveu du dérapage. Celle où Joseph/Michaël Youn rase les fesses brusquement velues de Zac/Kev Adams. Ou celle où Zac se retrouve avec une chèvre dans les toilettes d’un train, à moitié… à poil.
En dosant le potache et le plus trash, « Certains l’aiment chauve » réussit son coup. La séquence où Joseph marchande en hindi avec un patron de supérette indien le prix de pilules « magiques » est tout simplement poilante.
comédie française de Camille Delamarre, avec Kev Adams, Michaël Youn, Rayane Bensetti... (1h22).
Le Parisien