« El’sardines » : un manifeste féministe

Meriem Amiar dans « El’sardines » de Zoulikha Tahar et Kaouther Adimi © FABLABCHANNEL - ARTE
Comment réussir une série qui ne ressemble pas aux autres ? D’abord, prendre un territoire laissé en jachère par la télévision : l’Algérie et les doux rivages d’Oran. Ensuite, filmer au plus près ses protagonistes : en l’occurrence la famille de Zouzou (Meriem Amiar), trentenaire vivant encore chez ses parents parce que non mariée, une tare dans cette société patriarcale.
Puis concentrer le récit autour d’une question étonnante : pourquoi les sardines, ces délicieux poissons que son père vend depuis des décennies, disparaissent-elles des côtes algériennes ? Une énigme que Zouzou et Warda, sa meilleure amie, toutes deux ingénieures en biologie marine, espèrent résoudre.
Enfin, évoquer en creux un sujet complexe et profond, celui de l’exil, car les deux jeunes femmes attendent de recevoir leur visa pour entamer un voyage scientifique afin de comprendre le phénomène. En quelques minutes, le spectateur est plongé dans une Algérie corsetée où s’exerce sur la jeunesse, et en particulier sur les femmes, un réseau de pressions lourdes ou plus subtiles.
L’héroïne ne peut en sortir qu’en confiant ses cheveux et son histoire à la coiffeuse-psychologue du quartier ou en partant pour de bon, drame potentiel pour une famille s’apprêtant à célébrer le mariage de la petite sœur de Zouzou. Si l’affaire est grave, le ton est léger comme le recours aux animations lors de certaines séquences.
Malgré quelques maladresses, on ne peut que saluer cette mini-série qui raconte en 6 épisodes d’une dizaine de minutes chacun l’émancipation d’une jeune femme à travers son histoire familiale et son milieu social.
Le Nouvel Observateur