En Iran, des femmes chantent Khayyam, un poète persan agnostique
À Bouchehr, une ville portuaire du sud de l’Iran, des femmes récitent et chantent dans des cafés ou dans la rue des quatrains d’Omar Khayyam, déjà connu au XIᵉ siècle pour son opposition au dogmatisme religieux. Elles défient ainsi le pouvoir des mollahs qui leur interdit de chanter en public. Et font (re)vivre une culture et une philosophie à l’opposé de celles qu’impose la République islamique.
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Une jeune femme chante d’une voix chaleureuse accompagnée du son de la cornemuse. Autour d’elle, d’autres femmes en vêtements traditionnels colorés frappent des mains. La chanteuse respire profondément, puis libère sa voix en balançant son cou au rythme de ses mains : “Ô Khayyam, si tu as trop bu, si tu es ivre, sois heureux. Si l’idole que tu préfères s’assied près de toi, sois heureux. Et puisque le néant est le total du monde, imagine que tu n’es plus. Et puisque tu es, sois heureux.”
Le rythme des mains s’accélère. Les visages sourient. Au milieu, une jeune femme guide les autres et leur montre comment applaudir. Des narguilés, de petits brasiers de harmala [plante locale] et de fines tasses de thé circulent parmi l’assemblée. Bientôt, la joie gagne le cœur de tous les spectateurs.
Ce genre de musique locale est propre à Bouchehr, une ville de près de 230 000 habitants située dans le sud-ouest de l’Iran. Vieux rituel, Khayyam Khani (“Lire Khayyam”), dont la performance a connu une légère adaptation, est devenu aujourd’hui l’une des principales attractio
Courrier International
