La France restitue des bandelettes de Torah pillées par les nazis

Quatre bandelettes de protection de la Torah qui avaient été spoliées en Allemagne par les nazis et étaient conservées dans un musée parisien ont été restituées jeudi 5 juin à des représentants de la communauté juive allemande, a annoncé le ministère de la culture français.
Ces « mappot », longues bandelettes en lin brodées ou peintes d’inscriptions en hébreu, étaient utilisées pour protéger les rouleaux de la Torah et avaient été pillées lors d’attaques menées par les nazis contre des synagogues de Würzburg et de Kitzingen, en Bavière, possiblement pendant la Nuit de Cristal de novembre 1938.
Après-guerre, ces bouts de tissu fabriqués à partir de langes de circoncision avaient été retrouvés par la Jewish Restitution Successor Organization qui les avait remis en 1951, avec d’autres objets, à un musée parisien qui a ensuite déménagé pour devenir le Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Mahj).
S’ils n’ont aucune valeur marchande, ces mappot « sont les témoins d’un épisode majeur de l’Histoire des juifs d’Europe », a déclaré Dominique Schnapper, la présidente du Mahj, lors de la cérémonie de restitution jeudi.
À la faveur de recherches, les équipes du musée ont pu identifier précisément les lieux de provenance de ces bandelettes et permettre leur restitution au musée de la communauté juive de Würzburg et de Basse-Franconie Shalom Europa.
Ces recherches ont également permis d’identifier les quatre enfants juifs auxquels appartenaient ces bandelettes, qui ont tous pu émigrer « à temps » aux États-Unis afin d’échapper à la Shoah, selon le ministère.
Une recherche en provenance de ce type « reste difficile, d’autant plus lorsque aucune demande de restitution n’est formulée », a estimé la ministre française de la culture Rachida Dati dans un communiqué. « Mais nous la poursuivons, afin d’identifier les œuvres et biens spoliés pendant la période nazie et de les restituer malgré tout, plus de 80 ans après les faits ».
Juridiquement, ces quatre objets cultuels étaient en simple dépôt au Mahj et leur retour en Allemagne n’a donc pas rendu nécessaire de déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques comme c’est le cas pour des restitutions de biens coloniaux, ont expliqué des représentants du musée.
En 2023, la France a adopté une loi-cadre qui permet de faire exception à ce principe pour restituer plus facilement les biens culturels spoliés par les nazis entre 1933 et 1945.
La Croıx