Les stars de la bande dessinée sous le marteau à Monaco

Elle a beau revendiquer son statut de neuvième art, la bande dessinée a rarement les faveurs des enchères. Et l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo a réalisé une première, ce mercredi, en consacrant intégralement une vacation à des œuvres originales et des objets de l’univers de la BD.
Tintin, Gargamel, Homer Simpson, Bob Morane, Astérix.. et même le Chat de Philippe Geluck s’étaient donnés rendez-vous. Ce dernier a d’ailleurs été un des premiers beaux coups de la vente avec ce triptyque reprenant une des saillies humoristiques du célèbre chat, spécial pour la Principauté: "À Monaco, les rues ne sont plus sûres. Les milliardaires n’osent plus sortir le soir... Il y a des millionnaires qui rôdent."
La série de tableaux a été adjugée 42.000 euros, alors qu’une statue en bronze du même personnage de Geluck est partie pour 130.000 euros. Une somme élevée alors que la vente permettait à toutes les bourses - ou presque - de s’y intéresser avec des pièces cédées pour quelques centaines d’euros et d’autres atteignant des valeurs plus élevées. Dans la salle, la poignée d’acheteurs présents a pu se faire plaisir, alors que le gros de la vente s’est joué au téléphone et sur Internet.
La planche d’Uderzo ne s’est pas vendueAu terme de deux heures trente de vacation, le président d’HVMC, Franck Baille, s’est montré satisfait de cette première qui a attiré un public d’amateurs du petit monde de la BD. Sans cacher sa déception estimant qu’on lui a "savonné la planche" sur l’un des lots phares de la vacation. En l’occurrence une planche d’une couverture d’Astérix et Obélix, tome 23, signée Albert Uderzo et estimée entre 250.000 et 350.000 euros sur le catalogue.
Dans un communiqué envoyé à la presse, Sylvie Uderzo l’ayant droit sur l’œuvre de son père, estimait l’origine "douteuse" de cette pièce, remettant en cause son authenticité.
À l’Hôtel des ventes de Monte-Carlo hier, la planche exposée dans une vitrine était accompagnée d’une lettre manuscrite datée de 2008 et signée de la main d’Albert Uderzo, attestant l’authenticité de cette œuvre qu’il avait offerte à un ami. La vente de ce lot 245, marquée par le marteau à 320.000 euros, ne sera pas entérinée car la propriétaire avait laissé un prix de réserve plus élevé. En coulisses, les équipes d’HVMC regrettaient cette politique qui aurait pu refroidir l’appétit d’acheteurs qui s’étaient manifestés en amont mais ont retiré leur offre.
"Si cela avait été une œuvre douteuse, Sylvie Uderzo aurait été en droit de la faire retirer de la vente", renchérit Franck Baille, contrarié par ces déclarations qui devraient avoir une suite judiciaire. "Nous allons attaquer Sylvie Uderzo pour diffamation, car cela a cassé la vente alors qu’il s’agit d’une œuvre authentique."
Nice Matin