Oasis en concert à Londres : de Brits et de ferveur

«Ce qu’il se passe là, c’est quand même quelque chose.» Brock, la cinquantaine joliment esquintée, nous balance ça sans prévenir. Il vient de Wigan dans la grande banlieue de Manchester. Lui et son frère Darren, assis un peu plus loin dans les gradins, sont fans de la première heure et ont joué en 1997 les figurants sur la pochette du single D’You Know What I Mean («le dernier truc à peu près valable qu’ils ont sorti, on est d’accord») – ils ont tous les deux sauvegardé sur leur smartphone des photos de la session. Le premier n’a plus de cheveux, l’autre a pris 20 kilos, mais ce sont bien les mêmes.
Dans les heures qui suivront, Brock nous présentera sa nièce (Jo, 12 ans, venue assister «au moment le plus important de [sa] vie»), insistera pour qu’on chante ensemble Teenage Kicks des Undertones, prendra avec nous un puis deux puis trois selfies (on en fera pas moins d’une dizaine tout au long de la soirée, avec des gens qu’on a parfois croisés qu’une minute et dont on ignore à peu près tout) et payera bien sûr, comme tout le monde, un nombre astronomique de tournées. Devant nous, un couple de jeunes Coréens s’agrippe l’un à l’autre comme s’ils allaient décoller en jetpack vers Saturne. Un peu plus loin, une bande de gamines de 18 ans en maillot Manchester City regardent la scène avec la même fébrilité que si on allait y annoncer les résultats du bac inscrits en lettres de feu de 20 mètres de haut. Nous sommes au stade de Wembley, samedi 26 j
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