Vandalisée en 2021, la "Porteuse de jarre" du sculpteur Marcel-André Bouraine est de retour à Biot

"Elle est chez elle... " Ghislaine n’est pas la seule à dire tout haut ce que les Biotois portent au fond du cœur. " Elle mesure 3,20 m, pèse 700kg de terre cuite et, rehaussée sur un socle, drapée dans sa beauté sculptée, ses bras retrouvés, levés vers le soleil, "La Porteuse de Jarre" veille dorénavant sur l’accès à la cité des potiers.
Samedi matin, l’inauguration de la statue dans ses nouveaux quartiers a été célébrée comme un retour à la maison.
L’œuvre, offerte par le sculpteur art déco Marcel-André Bouraine (1886-1948) et restaurée après quatre ans de travail minutieux, a laissé sa jumelle de bronze prendre sa place devant la gare de Biot, en terre antiboise, où elle accueillait les passagers depuis 1951 [lire notre article du 20 mars 2025] pour revenir non loin des ateliers où elle a vu le jour.
"Un message d’authenticité et d’identité""Les gens, en arrivant ici, vont se dire: on est à Biot, et ceux du coin, on est chez nous. C’est un message d’authenticité et d’identité" clame Jean Leonetti, maire d’Antibes et président de la Communauté d’agglomération de Sophia Antipolis (Casa).
En 2021, après la sidération provoquée par les actes de vandalisme, force est de constater que l’effet marin avait, aussi, prématurément vieilli la jeune femme pétrifiée. "On aurait pu se dire: maintenant qu’elle est cassée, on la colle dans un coin, mais il y avait une volonté forte et légitime de nos deux communes, liées par une profonde amitié, précise l’élu. Ce n’est pas un cadeau de la mairie d’Antibes Juan-les-Pins, c’est une restitution. " Restait à savoir où exposer la géante de terre... "On s’est posé cette question périlleuse, car c’est notre mémoire culturelle et artistique, assure Jean-Pierre Dermit maire de Biot. Cette sculpture intemporelle, symbole de notre patrimoine enraciné dans la terre, a pris sa place à l’entrée de la ville, non loin de la médiathèque, du CCAS, devant l’école et à quelques mètres de l’atelier de l’artiste." C’est bien au numéro 9 du Chemin neuf, aux Pierres Vives que le créateur Marcel-André Bouraine s’installe dans les années 1920; et c’est dans la commune qu’il décédera, en 1948, huit ans après que sa femme, sculptrice également, fut enterrée au vieux cimetière. Autre atout du site: la proximité d’une caméra de vidéosurveillance car, après une restauration à 43.707 euros – dont 20% pour Biot – la prudence est de mise.
Mais qui était le modèle de Bouraine?Avant et après la cérémonie, les nombreux selfies annoncent déjà le côté "instagrammable" du spot et, en quelques heures, le retour de la Biotoise, comme on la surnomme, a déjà réveillé les souvenirs. Il se dit que c’est une jeune fille du village qui a posé comme modèle. "Une demoiselle Adam, née aux environs de 1908, et qui faisait partie des 30 familles qui ont repeuplé Biot " poste un habitant sur les réseaux sociaux, alors que d’autres ressortent des photos aux couleurs du passé.
Nice Matin