Affaire Semenya : la CEDH condamne la Suisse pour l’absence de procès équitable sans se prononcer sur les accusations de discrimination

Par Service Actu
L’athlète sud-africaine Caster Semenya à la Cour européenne des droits de l’homme, à Strasbourg, le 10 juillet 2025. ANTONIN UTZ/AP/SIPA
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a refusé ce jeudi 10 juillet de se prononcer sur l’éventuelle discrimination dont aurait été victime l’athlète sud-africaine Caster Semenya, privée de compétition depuis 2018 parce qu’elle refuse de faire baisser son taux de testostérone.
La CEDH a cependant relevé que l’athlète, double championne olympique du 800 m, n’avait pas eu droit à un procès équitable.
En effet, si elle a condamné la Suisse pour violation du droit à un procès équitable, la Cour a en revanche déclaré irrecevables les griefs de Caster Semenya qui dénonçait des violations de ses droits au respect de la vie privée et s’estimait victime de discrimination.
« Un rappel que les priorités sont la protection des athlètes »L’athlète sud-africaine Caster Semenya a salué jeudi « un résultat positif » dans la décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui a reconnu qu’elle n’avait pas eu droit à un procès équitable et a condamné la Suisse.
« C’est un résultat positif », « c’est un rappel aux dirigeants que les priorités sont la protection des athlètes », a souligné la double championne olympique du 800 mètres qui a toutefois échoué à faire reconnaître qu’elle avait été victime de discrimination, la cour jugeant cette plainte irrecevable.
A lire aussi
Affaire Caster Semenya : « On impose à cette athlète une vision de la féminité »
En première instance, la CEDH avait, à l’été 2023, fait droit à sa demande. Mais la Grande chambre, sorte d’instance d’appel saisie par les autorités helvètes, appuyées par World Athletics (fédération sportive internationale d’athlétisme), a estimé ce jeudi que la juridiction n’était pas compétente pour se prononcer.
Une amende de 80 000 eurosLa Cour a en revanche fait droit à la demande de la double championne olympique concernant le droit à un procès équitable.
Le respect de ce droit, protégé par la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, « exigeait un examen particulièrement rigoureux de sa cause ».
Or la cour a estimé que cela n’avait pas été le cas de l’examen opéré par le Tribunal fédéral suisse saisi antérieurement par Caster Semenya pour contester la sentence du Tribunal arbitral du sport (TAS), a déclaré Matthias Guyomar, président de la CEDH, en lisant l’arrêt de Grande chambre, dont la décision est définitive.
La Suisse doit verser à Caster Semenya 80 000 euros pour frais et dépens.
Privée de compétition depuis 2018, Caster Semenya qui produit naturellement beaucoup d’hormones mâles (androgènes) susceptibles d’accroître la masse musculaire et d’améliorer les performances, se bat contre une réglementation de World Athletics imposant aux athlètes hyperandrogènes de faire baisser leur taux de testostérone par un traitement hormonal pour pouvoir participer aux compétitions internationales.
Le Nouvel Observateur