Finale UBB - Toulouse : Moefana - Depoortere un duo d’enfer « aux super-pouvoirs »

La complicité et la complémentarité de ses deux trois-quarts centre constituent un atout majeur dans le jeu de l’UBB. Ils sont peut-être devenus la paire de référence en France
« Leur association n’est pas loin d’être parfaite. C’est du très haut niveau et on la retrouvera en équipe de France ». On peut porter sur le rugby un regard très toulousain, comme Erik Bonneval, l’ancien trois-quarts international des Rouge et Noir, et néanmoins se laisser séduire par le talent du duo bordelais Yoram Moefana – Nicolas Depoortere. Il est vrai qu’il est difficile de se détourner des évidences.
À Lyon, les deux trois-quarts centre ont pesé lourd dans la qualification de l’UBB pour la finale du Top 14 aux dépens de Toulon. Moefana a fait exploser la défense varoise sur deux des cinq essais bordelais mais a aussi ouvert la porte à Maxime Lamothe pour sa deuxième réalisation. Depoortere a inscrit le premier essai, offert le quatrième à son talonneur, et a coupé la route aux attaques varoises au large.
« Une palette impressionnante »Complicité, capacité à s’exprimer dans des registres différents, à forcer le verrou à coups d’épaule ou à jouer dans les intervalles, les duettistes de l’UBB ont proposé des échantillons de tout ce qu’on attend d’une paire de centres face aux Varois. Dans ce qui saute aux yeux comme dans le travail de l’ombre. Samedi soir, le duel qu’ils livreront aux Toulousains Santiago Chocobares et Pierre-Louis Barassi sera l’une des clés de la finale.
« Ils possèdent une palette impressionnante », souligne Christophe Laussucq, l’entraîneur de la défense de l’UBB. « Ils sont complémentaires offensivement comme défensivement. Yoram est très bon dans les petits espaces. En défense, il est dur sur l’homme. Il aime tout ce qui cogne. Nico, lui, va vite sur les extérieurs. Il est très bon dans la lecture de l’attaque adverse. La défense en 13, c’est ce qu’il y a de plus difficile et lui communique très bien. C’est un vrai point fort. »
« On s’est rendu compte qu’on tenait le numéro 12 de l’équipe de France pour les cinq prochaines années »
Si leurs morphologies sont bien différentes, - massive pour Moefana (1,82 m – 97 kg), plus longiligne pour Depoortere (1,94 m – 96 kg) -, on ne peut enfermer les compères dans des rôles stéréotypés. « Ils sont complémentaires, bien sûr, mais surtout polyvalents », nuance Noel McNamara, l’entraîneur de l’attaque de l’UBB. « Ce sont d’abord de très bons joueurs de rugby. Nicolas a occupé les deux postes de centre, a joué à l’aile chez les moins de 20 ans. Comme Yoram en équipe de France. Ils sont tous les deux efficaces dans la zone de contact mais on voit que Yoram peut jouer aussi les meneurs de jeu. Ce qui est certain, c’est que les deux possèdent des super-pouvoirs. »
Il existe toujours un temps de maturation dans la carrière d’un joueur. Ces deux dernières saisons, on devinait chez Moefana des ressources non exploitées. Comme s’il y avait un frein intérieur chez ce garçon introverti. Cette barrière semble avoir été levée durant le Tournoi des Six-Nations où le natif de Futuna s’est hissé à un niveau qui le situe parmi les références mondiales à son poste. « Regardez l’âge des meilleurs 12 de la planète : Jordie Barrett (28 ans), Bundee Aki (35 ans), Sione Tuipulotu (28 ans). Yoram, lui, n’a que 24 ans », souligne McNamara.
« Il a vécu un processus d’apprentissage normal », analyse Laussucq. « Il a accumulé les expériences, a été confronté aux situations de jeu difficiles des matchs internationaux. Il lui est arrivé de se tromper. C’est un passage obligé. Mais comme tous les bons joueurs, il ne fait pas deux fois la même connerie. Il y a eu cet hiver la reconnaissance de son talent au niveau international. Il était un peu dans l’ombre et là, on s’est rendu compte qu’on tenait le numéro 12 de l’équipe de France pour les cinq prochaines années peut-être. Le regard des autres te fait grandir et t’amène de la confiance. »
« Un futur capitaine »Cette confiance, Nicolas Depoortere (22 ans) n’en a jamais manqué. Dès ses débuts chez les pros, ses prises de parole au milieu des anciens ont pu étonner chez un gamin de 20 ans. « Il possède un leadership très naturel », juge McNamara. « Il est écouté », confirme Laussucq. « Nicolas a le charisme et le caractère pour être un futur capitaine de l’UBB. »
Les blessures qui ont jalonné une partie de sa saison – fracture de la pommette, entorse d’une cheville – et freiné sa progression, sont désormais derrière lui. C’est un Depoortere rayonnant qui a repris sa place aux côtés de Moefana. « Ce sont deux gosses de Bègles. Ils ont grandi au club même si Yoram est arrivé plus tard que Nico. Quelque part, ils symbolisent la progression de l’UBB. »
« Ce que je ressens, c’est leur envie d’aller chercher le petit pourcentage supplémentaire, complète McNamara. À leur niveau, ça ne se trouve pas facilement. Mais ils ont cette volonté. »
Ce duo est un point d’ancrage et une promesse pour l’UBB.
SudOuest