Le Tour de France de Cédrine Kerbaol, étape 6 : «Ce n’est pas évident de parler du sujet de la perte de poids dans le peloton»

C’est déjà sa troisième Grande Boucle. Après deux éditions réussies (maillot blanc de la meilleure jeune en 2023 et victoire d’étape l’an dernier), Cédrine Kerbaol, 24 ans, revient en visant le podium du classement général. Chaque soir, la coureuse d’EF Education-Oatly revient pour Libé sur l’étape du jour. Ce jeudi 31 juillet, elle pointe à la 14e place d’une sixième étape entre Clermont-Ferrand et Ambert, remportée en solo par la Française Maëva Squiban (UAE-ADQ). Kerbaol grimpe d’une place au classement général, elle est désormais 9e.
«Ça fait du bien de retrouver le style de course qui me permet de me faire plaisir. On a réussi à être deux de l’équipe, avec Magdeleine [Vallieres] dans le final. C’était vraiment top de pouvoir compter sur elle.
«J’ai attaqué après le col du Béal parce que je sais qu’il y a des personnes qui sont plus désavantagées dans les descentes. Le but, c’était d’essayer de faire une sélection et de me faire plaisir. J’ai toujours travaillé les descentes de manière inconsciente, parce que je me suis toujours amusée à le faire. Mais c’est vrai qu’en stage on s’est retrouvées tous les jours avec les filles de l’équipe à s’amuser dans la descente, à pratiquer les virages.
«Je pense que ce que j’aime en montée, c’est le fait d’avoir des groupes un peu plus restreints. Ça frotte moins, c’est moins stressant. Et puis c’est des efforts qui se rapprochent un peu de celui qu’on retrouve sur le contre-la-montre [Cédrine Kerbaol a été deux fois championne de France de la discipline, ndlr]. Quelque chose de plus linéaire, avec moins de relances. C’est vraiment un moment où on peut être focus sur notre effort.
«Pas mal de médias se sont intéressés à ce que j’ai pu raconter dans l’Humanité et sur France 2 [nutritionniste de formation, la coureuse a alerté sur les dangers de la perte de poids extrême dans le cyclisme]. Je pense aussi que c’est des discussions que beaucoup de personnes dans le peloton ont. C’est un peu tabou donc forcément c’est pas évident d’en parler. Le sujet du poids s’est quand même intensifié ces derniers mois et ces dernières années. Ce qui se passe, c’est que quand on a des personnes qui réussissent [en étant très maigres], elles vont être regardées par les autres et elles deviennent des modèles inconsciemment. Forcément, on arrive sur des dérives avec des personnes qui pensent que c’est la vérité absolue et que c’est comme ça qu’il faut faire pour être performant.»
Libération