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«Des conditions de vie alarmantes» : près de Bordeaux, le sort des chevaux recueillis par une association tourne au règlement de comptes

«Des conditions de vie alarmantes» : près de Bordeaux, le sort des chevaux recueillis par une association tourne au règlement de comptes

Au nord de Bordeaux, l’association Ne crin plus rien est dans le collimateur d’une ancienne bénévole, qui dénonce de la maltraitance envers les chevaux. Le président de la structure, lui, réfute ces accusations. Le parquet de Libourne est saisi de l’affaire.

L’association Ne crin plus rien, lancée par Éric Martin en 2019, vient en aide aux équidés et leur offre un refuge, face à des situations de négligence, de maltraitance ou d’abandon. Les chevaux sont accueillis au nord de Bordeaux (Gironde), notamment dans les communes de Saint-André-de-Cubzac, Izon, et Vayres. Il y a 3 semaines, Natacha Godrie, ancienne bénévole, a pourtant lancé une pétition pour exiger une intervention au sein de la structure qui accueille un peu plus de 70 animaux, dont une soixantaine de chevaux. La pétition a été signée par plus de 1100 personnes, soutenue par plusieurs anciennes bénévoles, mais aussi des riverains.

Selon elle, même si le fondateur «partait peut-être d’une bonne intention, il s’est rapidement laissé dépasser en allant jusqu’à accueillir près de 100 animaux, sans avoir les moyens ni le temps de les assumer». «On constate des conditions de vie alarmantes, insiste l’ancienne bénévole, qui assure même faire régulièrement des rondes pour vérifier l’état de santé des chevaux. On observe des cas de maltraitance et des négligences qui conduisent à des divagations permanentes. Cela met en danger les animaux et les riverains»

Publication de Natacha Godrie sur le réseau social Facebook, datant du 24 septembre 2024. Facebook Natacha Godrie

Contacté par Le Figaro, Éric Martin, gérant de l’association et coach sportif de métier, nous accueille sur place et nous dévoile une vingtaine d’équidés, ainsi que des moutons, sur différentes parcelles de territoires occupés par l’association. Aucun véritable signe de malnutrition ni de maltraitance n’est visible sur les troupeaux présentés, contrairement à ce que l’on peut distinguer à travers les images publiées par Natacha Godrie sur les réseaux sociaux. «Il s’en occupe mieux et les a sans doute correctement nourris ces derniers mois. Mais avant, c’était une catastrophe», affirme Natacha Godrie.

Au moment de notre visite sur place, nous rencontrons Françoise Molin, retraitée. Actuellement bénévole avec son mari, elle défend avec vigueur le président de l’association. «Ces anciennes bénévoles ont un problème personnel avec lui. C’est n’importe quoi d’accuser Éric de maltraitance envers les animaux. Il donne tout pour eux, assure-t-elle. On alimente les chevaux tous les jours, et on leur sert de l’eau. Nous alimentons les refuges avec du foin, surtout quand il n’y a pas d’herbe. Nous les comptons régulièrement et vérifions les clôtures chaque jour.»

Un conflit aurait éclaté entre l’ex-bénévole et le passionné d’équidés, à l’été 2023. Natacha Godrie accueille alors une trentaine de pensionnaires sur ses terres : chevaux, moutons, poneys et chèvres. Le 6 août au soir, un cheval souffre et semble assez mal en point. «J’ai appelé Éric pour qu’il vienne rapidement sur place. Il est seulement venu une heure plus tard, et il a finalement réalisé une injection sans la présence du vétérinaire. Le cheval est mort dans la foulée» nous explique-t-elle. Le lendemain, la bénévole dépose plainte contre l’association, dans un document que Le Figaro a pu consulter.

Pour Éric Martin, les accusations actuelles ne sont ni plus ni moins que des «attaques personnelles», un «règlement de comptes» de certaines bénévoles, avec qui il a pu avoir des différends par le passé. «On réfute tout. C’est de la diffamation et du harcèlement. Sur les chevaux présentés sur Facebook, ce sont des chevaux où il y a eu un suivi vétérinaire. On a des chevaux qui décèdent, puisqu’on récupère des chevaux malades et maltraités. Parfois, et à mon plus grand regret, on est dans l’urgence et on n’arrive pas à les sauver. Nous préparons avec mon avocat un dossier contre cette personne pour diffamation. Nous avons déposé une vingtaine de mains courantes également pour des dégradations de nos clôtures. On imagine bien qui fait ça ! Il y a aussi une plainte pour harcèlement, constaté par des photos et par la gendarmerie qui a déjà trouvé cette personne au bord de notre refuge, alors qu’elle ne fait plus partie de l’association.» Natacha Godrie rétorque : «On n’a jamais rien coupé, et jamais touchés aux barrières et aux clôtures. Au contraire, quand on voit les fils par terre, on les remet en place !»

Contacté par Le Figaro, le maire d’Izon, Laurent de Launay regrette quant à lui les troubles causés par des animaux qui s’égarent régulièrement dans son village : «C’est une association qu’on a accompagnée à partir de 2020, puisqu’on est sensible à la cause animale mais c’est très rapidement devenu un enfer. On a donc rapidement arrêté la convention avec monsieur Martin. Nous avons fait face à des divagations répétées sur la voirie, ce qui pose des vrais problèmes de sécurité et de tranquillité publique pour nos habitants. Ça s’est produit des dizaines de fois, il y a visiblement un vrai problème de fermeture des prairies... On a déjà été appelé à 1h du matin, ce n’est pas possible». Face à ces accusations, Éric Martin assure de son côté que «ce sont malheureusement des choses qui arrivent, comme dans tous les troupeaux en France». Le parquet de Libourne a ouvert une enquête.

Éric Martin, s’occupant des ses équidés Clément Arion - Le Figaro Bordeaux
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