Pourquoi c'est important. Logements indignes : le jugement des effondrements rue d’Aubagne attendu ce lundi

Qui de l’adjoint au maire, de l’expert, du syndic ou des copropriétaires peut être tenu pour responsable des effondrements mortels de la rue d’Aubagne à Marseille ? Réponse ce lundi avec le jugement très attendu de ce drame du logement indigne. Au matin du 5 novembre 2018, les immeubles situés au 63 et 65 rue d’Aubagne, dans la cité phocéenne, se sont effondrés, causant la mort de huit personnes.
Ce procès, qui s’est tenu pendant un mois et demi à l’automne dernier, était bien plus qu’une simple affaire judiciaire et la salle des procès hors-normes s’était transformée en sorte d’agora où se sont exprimées toute la colère et la tristesse d’une ville qui avait été traumatisée de voir deux immeubles tomber au cœur du centre-ville comme des châteaux de cartes.
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.
En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).
En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données. Gérer mes choix
Au fil des audiences, les débats ont permis d’établir que les effondrements des numéros 63 (vide) et 65 étaient inéluctables vu l’état du bâti. Mais aucune mise à l’abri des locataires du 65 n’avait été décidée et les travaux entrepris s’étaient avérés inefficaces voire contreproductifs.
Quelqu’un en particulier peut-il en être tenu responsable ? Le débat juridique autour de cette question est extrêmement complexe et le jugement, qui doit être rendu à partir de 10 heures, devrait être long pour faire le point sur chacun des 16 prévenus.
L’instruction avait renvoyé devant le tribunal quatre personnes : Julien Ruas, l’adjoint du maire de l’époque, le LR Jean-Claude Gaudin, et l’architecte Richard Carta qui avait expertisé l’immeuble moins de trois semaines avant son effondrement. Mais aussi deux personnes morales, le syndic du 65, le cabinet Liautard, et le bailleur social propriétaire du numéro 63, laissé à l’état de ruine par Marseille Habitat.
Ces poursuites avaient été jugées incomplètes par certaines des parties civiles qui avaient décidé de citer à comparaître une douzaine de personnes supplémentaires, dont certains copropriétaires et des représentants des deux personnes morales.
Pour Me Brice Grazzini, qui défend une trentaine des quelque 90 parties civiles, il serait important que les quatre principaux mis en cause soient condamnés pour homicides involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité. Et que les copropriétaires le soient pour soumission de personnes vulnérables à des conditions d’hébergement indignes.
Dans le dossier de la rue d’Aubagne, le procureur Michel Sastre avait estimé que la quasi-totalité des 16 prévenus étaient coupables, réclamant de lourdes peines, la plus importante à l’égard d’un copropriétaire, Xavier Cachard : cinq ans de prison dont trois ferme.
À Marseille, où le fléau du logement indigne prospère, le jugement de lundi est très attendu. Depuis le drame, la justice de la 2e ville de France n’hésite d’ailleurs plus à envoyer les marchands de sommeil en prison comme en mars lorsqu’elle a condamné le propriétaire d’une trentaine de studios insalubres dans une ex-résidence universitaire.
Le Républicain Lorrain