Après l'affaire Jeanne d'Arc, celle du parking Vauban? La préfecture retoque un autre marché de la régie Parcs d'Azur à Nice

Après Jeanne d’Arc, l’affaire du parking Vauban? La question est désormais en suspend devant le tribunal. La préfecture des Alpes-Maritimes a une nouvelle fois saisi la justice administrative.
Comme elle l’avait déjà fait pour la statue monumentale qui orne le parking Jeanne-d’Arc. Commandée "sans publicité ni mise en concurrence" en dépit de son coût: 170.000 euros.
Cette fois c’est un marché à plus de 7,5 millions d’euros qui est dans le viseur des services de l’État. Une enveloppe XXL englobant l’ensemble du gros œuvre d’un autre parc de stationnement.
Celui qui doit être érigé sur la dent creuse qui, depuis des années, fait face au parc des sports Vauban, juste derrière le commissariat Auvare.
Au 7, rue du Maréchal-Vauban, la régie métropolitaine Parcs d’Azur devait livrer, à l’horizon 2026, plus de 500 places de parking en silo, dont une centaine équipée de bornes électriques, un espace vélo de 110 places supplémentaires, le tout agrémenté d’un nouvel espace vert de 4.000m² et de 1.800m² de panneaux photovoltaïques.
Chantier à l’arrêtUn projet qui "s’inscrit pleinement dans le XXI siècle", avait souligné le président de la Métropole et maire de Nice, Christian Estrosi. Si ce n’est qu’à peine commencés, les travaux de construction de ce futur équipement ont été interrompus.
Cela n’a pas échappé à Jean-Claude. Cela fait "quarante ans" qu’il habite "au niveau de l’ancienne place de Tende, rebaptisée José-Balarello".
"Depuis trois semaines, le chantier est arrêté. Il n’y a plus d’ouvriers", déplore ce riverain qui s’inquiète surtout du coût d’immobilisation de certains engins qui, eux, sont toujours parqués là. Notamment "une immense grue" dont la flèche dépasse "l’immeuble de huit étages" qui fait face au sien.
"Elle servait à enfoncer dans le sol des pieux d’au moins 40 centimètres de diamètres. À la location, ça doit valoir quand même de l’argent", s’inquiète Jean-Claude, qui a tenté d’avoir le fin mot de l’histoire en appelant la régie Parcs d’Azur.
"Illégalités substantielles""Je suis tombé sur un gars qui m’a dit qu’il y avait un problème avec le marché", rapporte ce riverain au nez creux.
"Dans le cadre du contrôle de légalité exercé par les services de la préfecture, il a été décelé des illégalités substantielles dans le marché public de travaux passé par la régie des Parcs d’Azur pour le lot de gros œuvre de la construction du parking Vauban à Nice", confirment les services de l’État.
Un marché à 7.580.000 euros, attribué le 1er avril par la régie Parcs d’Azur à un consortium porté par l’entreprise de BTP Fayat.
Cette fois, il y aurait bel et bien eu mise en concurrence, contrairement au marché de réalisation-conception de la statue Jean d’Arc. Pour autant, les services de l’État ont estimé que les règles de la commande publique n’auraient pas été respectées à la lettre.
Au point que le nouveau préfet, Laurent Hottiaux, comme l’avait fait son prédécesseur Hugues Moutouh, a décidé de déférer ce marché devant la justice administrative. Une requête "accompagné (e) d’une demande de suspension", précisent les services de l’État.
Tribunal saisi et marché résiliéCette procédure a donné lieu à une audience le 26 mai. Sans attendre que le "couperet" tombe, la régie Parcs d’Azur a manifestement pris les devants en procédant "à l’arrêt des travaux et à la résiliation du marché" incriminé.
La juridiction ne devrait donc pas avoir à se prononcer sur la validité d’un marché qui n’existe plus. La question est de savoir si cette volte-face de la régie métropolitaine peut ouvrir droit à une demande d’indemnisation des entreprises qui avaient été choisies. Et si la livraison de ce nouvel équipement va être retardée.
Sollicitée, la Métropole n’avait, jeudi soir, pas apporté de réponse.
Nice Matin