Assemblée nationale : un an après la dissolution, le Palais-Bourbon a le bourdon

Ecrire l’histoire plutôt que la subir, telle était la motivation affirmée d’Emmanuel Macron annonçant aux Français stupéfaits la dissolution de l’Assemblée nationale. Un an après, alors qu’il a regagné cette semaine le droit de redissoudre le Parlement si c’est là son bon vouloir, le Président ne peut que constater les dégâts politiques qu’a engendrés cet acte puéril. Ce qui devait être «un temps de clarification indispensable» débouchant sur une renaissance du pouvoir parlementaire – avec ses coalitions efficaces, ses projets de lois aboutis et ses compromis responsables – n’a produit que l’immobilisme inquiétant de notre démocratie parlementaire.
Hémicycle déserté, gouvernement porté disparu, votes contre son camp, niveau de débats lamentable… Nous voilà de retour au contraire au XIXe siècle, quand le président de séance André Dupin ne pouvait que constater qu’à l’Assemblée nationale, «la tribune est comme un puits : quand un seau descend, l’autre monte».
Un grand nombre de députés s’inquiètent de ce Parlement déréglé, dont le désordre ne peut que profiter au Rassemblement national. Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le Président admettait que «la lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité».
Les députés qui ont confié à Libé leurs états d’âme et leur pénible impression d’impuissance ne le comprennent que trop. «S’auto-dessaisir de son propre pouvoir de légiférer, c’est de l’irresponsabilité collective, on dévoie totalement nos procédures», avoue la députée (Liot) Constance de Pélichy. Pour autant, Emmanuel Macron doit-il utiliser encore une fois l’arme suprême, comme si un tour de kaléidoscope pouvait faire apparaître un paysage politique différent que ce régime féodal de petits barons ? Il ne faut pas subir l’histoire, mais il ne faut pas non plus la rêver.
Libération